a vit
secretement et parla a elle, lui feignit des amours et des commoditez pour
se voir. De maniere que le mauvais esprit qui trouve les sinistres
conventions les meilleures abusa non seulement de la simplicite de ceste
jeune fille, ains encore du sacrement de mariage par le moyen duquel la
pauvre damoyselle pensoit aucunement couvrir sa faute et son honneur. De
sorte que, l'ayant espouse clandestinement, adjoustant mal sur mal, comme
plusieurs s'attachent ordinairement ensemble pour mieux assortir quelque
faict execrable tel que celuy-ci, ils jouyrent de leurs amours quelques
mois, pendant lesquels cette fille faussement contente cachoit le plus
possible ses amours... Il advint, que sa mere luy donna quelque chose
sainte qu'elle portoit par devotion, qui lui servit d'antidote contre le
demon et contre son amour, brouillant ses entrees et troublant ses
commoditez. Le diable lui avait recommande de ne pas lui envoyer de
messager, mais la jalousie la poussant, elle en envoya un au gentilhomme
pour le prier de se rendre aupres d'elle, lui reprocha son abandon, etc. Le
gentilhomme tout etonne lui declara qu'elle a ete pipee et etablit qu'a
l'epoque du pretendu mariage il etait absent. La damoyselle reconnut alors
l'oeuvre du demon et se retira dans un monastere pour le reste de sa vie."
[Note 1: _Tableau de l'inconstance des mauvais anges_, p. 218.]
Wier[1] raconte cette histoire d'une jeune fille servante d'une religieuse
de noble maison, a qui le diable voulut jouer un mauvais tour. "Un paysan
lui avoit promis mariage; mais il s'amouracha d'une autre: dont ceste-ci
fut tellement contristee, qu'estant allee environ une demie lieue loin du
couvent, elle rencontra le diable en forme d'un jeune homme, lequel
commenca a deviser familierement avec elle, lui descouvrant tous les
secrets du paysan, et les propos qu'il avoit tenus a sa nouvelle amie: et
ce afin de faire tomber cette jeune fille en desespoir et en resolution de
l'estrangler. Estans parvenus pres d'un ruisseau, lui print l'huile qu'elle
portoit, afin qu'elle passast plus aisement la planche, et l'invita d'aller
en certain lieu qu'il nommoit; ce qu'elle refusa, disant: Que voulez-vous
que j'aille faire parmi ces marest et etangs? Alors il disparut, dont la
fille conceut tel effroy qu'elle tomba pasmee: sa maistresse, en estant
avertie la fit rapporter au couvent dedans une lictiere. La elle fut
malade, et comme transportee d'entendement, estant agitee de facon
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