Pologne, dit-il, un chef et prince d'anabaptistes invita aucuns de sa
secte a son baptesme les assurant qu'ils y verroient merveilles et que le
saint esprit descendrait visiblement sur luy. Les invitez se trouvent au
baptesme, mais comme cet anabaptiste qui devait etre baptise mettait le
pied dans la cuve pleine d'eau, incontinent, non le saint esprit, qui
n'assiste point les heretiques, ains l'esprit de septentrion qui est le
diable, apparoist visiblement devant tous, prend l'anabaptiste par les
cheveux, l'eleve en l'air et tant et tant de fois luy froisse la teste et
le plonge en l'eau qu'il le laissa mort et suffoque dans la cuve."
"Nous lisons aussi que le baillif de Mascon, magicien, fut emporte, dit J.
des Caurres[1], par les diables a l'heure du disner, il fut mene par trois
tours a l'entour de la ville de Mascon, en la presence de plusieurs ou il
cria par trois fois: Aydez-moy, citoyens, aidez-moy. Dont toute la ville
demeura estonnee, et luy perpetuel compagnon des diables, ainsi que Hugo de
Cluny le monstre a plein."
[Note 1: _Oeuvres morales et diversifiees et histoires_, p. 392.]
"Un homme de guerre voyageant par le marquisat de Brandebourg, a ce que
rapporte Simon Goulart[1], d'apres J. Wier[2], se sentant malade et arreste
a une hostellerie, bailla son argent a garder a son hostesse. Quelques
jours apres estant gueri il le redemanda a ceste femme, laquelle avoit deja
delibere avec son mari de le retenir, par quoy elle lui nia le depost, et
l'accusa comme s'il lui eust fait injure: le passant au contraire, se
courroucoit fort, accusant de desloyaute et larcin cette siene hostesse. Ce
que l'hoste ayant entendu, maintint sa femme, et jetta l'autre hors de sa
maison, lequel cholere de tel affront tire son espee et en donne de la
pointe contre la porte. L'hoste commence a crier au voleur, se complaignant
qu'il vouloit forcer sa maison. Ce qui fut cause que le soldat fut pris,
mene en prison, et son proces fait par le magistrat, prest a le condamner a
mort. Le jour venu que la sentence devoit estre prononcee et executee le
diable entra en la prison, et annonca au prisonnier qu'il estoit condamne a
mourir; toutefois que s'il vouloit se donner a lui, il lui promettoit de le
garantir de tout mal. Le prisonnier fit response qu'il aimoit mieux mourir
innocent que d'estre delivre par tel moyen. Derechef le diable lui ayant
represente le danger ou il estoit, et se voyant rebute, fit neantmoins
promesse de l'aide
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