qui etait
une merveille de mosaique et de sculpture.
Cela constituait une longue suite de larges baies par ou la lumiere
entrait a flots. Le cote oppose etait perce, de distance en distance, de
portes massives: cellules sans doute.
Sur le seuil de la galerie, une dizaine de moines, qui paraissaient
les attendre, les entourerent silencieusement. Pardaillan remarqua la
manoeuvre. Il remarqua aussi que ces moines etaient tailles en athletes.
"Bon! songea-t-il avec un mince sourire, nous approchons du denouement.
Mais diantre! il parait que ce que M. d'Espinosa veut faire ne laisse
pas que de l'inquieter, puisqu'il me fait garder de pres par ces dignes
reverends qui me paraissent tailles pour porter la cuirasse plutot que
le froc!"
La galerie, comme l'avait remarque Pardaillan, etait sillonnee, en tous
sens, par une infinite de moines qui paraissaient surtout garder les
baies.
D'Espinosa s'arreta devant la premiere porte qu'il rencontra.
--Monsieur le chevalier, dit-il d'une voix sans accent, je n'ai
personnellement aucun sujet de haine contre vous. Me croyez-vous?
--Monsieur, dit froidement Pardaillan, puisque vous me faites l'honneur
de me le dire, je ne saurais en douter.
D'Espinosa opina gravement de la tete et reprit:
--Mais je suis investi de fonctions redoutables, terribles, et, quand
je suis dans l'exercice de ces fonctions, l'homme que je suis
doit s'effacer, ceder completement la place au grand inquisiteur,
c'est-a-dire a un etre exceptionnel, inaccessible a tout sentiment de
pitie, froidement implacable dans l'accomplissement des devoirs de sa
charge. En ce moment c'est le grand inquisiteur qui vous parle.
--Eh! morbleu! monsieur, ce que vous avez a dire est donc si difficile!
Que redoutez-vous! Je suis seul, sans armes, a votre merci. Grand
inquisiteur ou non, videz votre sac un bon coup et n'en parlons plus.
--Vous avez insulte a la majeste royale. Vous etes condamne. Vous devez
mourir.
--A la bonne heure! Voila qui est franc, net, categorique. Que ne le
disiez-vous tout de suite? Je suis condamne, je dois mourir. Reste a
savoir comment vous comptez m'assassiner.
Avec la meme impassibilite, d'Espinosa expliqua:
--Le chatiment doit etre toujours proportionne au crime. Le crime que
vous avez commis est le plus impardonnable des crimes. Donc le chatiment
doit etre terrible. Il faut aussi que le chatiment soit proportionne a
la force morale et physique du coupable. Sur ce point, vous
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