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viagere et le titre de chevalier. C'etait payer royalement, et, le
remede achete, le prince en fit present a son peuple, avec l'approbation
de la Faculte de Paris et de la Faculte de Montpellier.
_Rabelais, docteur de la Faculte de Montpellier!_
Donc, il y avait a Versailles, dans la chambre du roi, un grand-livre
aux armes royales, ecrit en partie double et jour par jour, et de la
main du premier medecin, lequel livre etait intitule: _Journal de la
sante du roi_ De tous les livres qui s'ecrivaient au dix-septieme siecle
(et Dieu sait que les chefs-d'oeuvre ne manquaient pas!), ce _Journal
de la sante du roi_ est, sans contredit, le plus considerable et d'un
interet tout-puissant. C'est surtout dans ces pages inattendues en
pareille histoire que vous trouverez, en depit de Moliere, un temoignage
authentique en l'honneur de ces medecins, tant moques quand le roi etait
jeune. A chaque instant, a chaque ligne de ce grand-livre, on fremit
en songeant a l'etat ou serait le roi de France s'il etait expose
aux maledictions de M. Purgon: "Je vous abandonne a votre mauvaise
constitution, a l'intemperie de vos entrailles, a la corruption de votre
sang, a l'acrete de votre bile, a la feculence de vos humeurs!"
Ah! que ce roi Louis XIV, illustre entre tous les rois de France, une si
grande image, un si beau type, un prince avec toutes les apparences des
heros, le regard de l'aigle et la demarche auguste de Jupiter tonnant,
si vous quittez la grande histoire et la representation quotidienne de
cette illustre majeste, pour penetrer dans les secrets de sa garde-robe,
etait bien le digne fils de ce roi Louis XIII, a qui son medecin, le
docteur Houvard, infligea en une seule annee deux cent quinze medecines,
deux cent douze lavements et quarante-sept saignees. Il est rempli,
ce grand-livre pharmaceutique, de toutes sortes de fameux chapitres:
_Potions pour le roi; emplatres pour le roi; lavements pour le roi_.
A ce mot: _lavement_, on s'etonne; il nous semblait que l'Academie,
interrogee a ce sujet par le docteur Fagon, avait repondu qu'il fallait
dire: _un remede!_ "Sire, le remede de Votre Majeste!" Or, c'etait
l'usage de la cour: la chaise du roi, les jours ordinaires, etait portee
par les pages de sa chambre; aux jours de medecine, elle etait portee
par MM. les gentilshommes. Il n'y avait donc pas a s'en dedire et rien a
cacher, et la cour entiere savait, le meme soir, le resultat de toutes
ces formules:
_Recipe: Ole
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