cette langue de terre, entre la Grande-Moer et l'Ocean. Le corps
d'observation de Freytag ne s'etait pas etabli a Furnes de maniere a
proteger les derrieres de l'armee de siege; il etait au contraire assez
loin de cette position, en avant des marais de Dunkerque, de maniere a
couper les secours qui pouvaient venir de l'interieur de la France. Les
Hollandais du prince d'Orange, postes a Menin, a trois journees de ce
point, devenaient tout a fait inutiles. Une masse de soixante mille hommes,
marchant rapidement entre les Hollandais et Freytag, pouvait se porter a
Furnes derriere le duc d'York, et, manoeuvrant ainsi entre les trois corps
ennemis, accabler successivement Freytag, le duc d'York et le prince
d'Orange. Il fallait pour cela une masse unique et des mouvemens rapides.
Mais alors on ne songeait qu'a se pousser de front, en opposant a chaque
detachement, un detachement pareil. Cependant le comite de salut public
avait a peu pres concu le plan dont nous parlons. Il avait ordonne de
former un seul corps et de marcher sur Furnes. Houchard comprit un moment
cette pensee, mais ne s'y arreta pas, et songea tout simplement a marcher
contre Freytag, a replier ce dernier sur les derrieres du duc d'York, et a
tacher ensuite d'inquieter le siege.
Pendant que Houchard hatait ses preparatifs, Dunkerque faisait une
vigoureuse resistance. Le general Souham, seconde par le jeune Hoche, qui
se comporta a ce siege d'une maniere heroique, avait deja repousse
plusieurs attaques. L'assiegeant ne pouvait pas ouvrir facilement la
tranchee dans un terrain sablonneux, au fond duquel on trouvait l'eau en
creusant seulement a trois pieds. La flottille qui devait descendre la
Tamise pour bombarder la place, n'arrivait pas, et au contraire une
flottille francaise, sortie de Dunkerque et embossee le long du rivage,
harcelait les assiegeans enfermes sur leur etroite langue de terre,
manquant d'eau potable et exposes a tous les dangers. C'etait le cas de se
hater et de frapper des coups decisifs. On etait arrive aux derniers jours
d'aout. Suivant l'usage de la vieille tactique, Houchard commenca par une
demonstration sur Menin, qui n'aboutit qu'a un combat sanglant et inutile.
Apres avoir donne cette alarme preliminaire, il s'avanca, en suivant
plusieurs routes, vers la ligne de l'Yser, petit cours d'eau qui le
separait du corps d'observation de Freytag. Au lieu de venir se placer
entre le corps d'observation et le corps de siege, il confia a Hedo
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