it donc encore bien eloigne; mais de toutes parts on le croyait
pret a se realiser. Il fallait donc, disait Canclaux, faire agir les
Mayencais par Nantes, couper ainsi les Vendeens de la mer, et les refouler
vers le haut pays. Se repandraient-ils dans l'interieur, ajoutait Canclaux,
ils seraient bientot detruits, et quant au temps perdu, ce n'etait pas une
consideration a faire valoir: car l'armee de Saumur etait dans un etat a ne
pouvoir pas agir avant dix ou douze jours, meme avec les Mayencais. Une
raison qu'on ne donnait pas, c'est que l'armee de Mayence, deja faite au
metier de la guerre, aimait mieux servir avec les gens du metier, et
preferait Canclaux, general experimente, a Rossignol, general ignorant, et
l'armee de Brest, signalee par des faits glorieux, a celle de Saumur,
connue seulement par des defaites. Les representans, attaches au parti de
la discipline, partageaient aussi cet avis, et craignaient de compromettre
l'armee de Mayence, en la placant au milieu des soldats jacobins et
desordonnes de Saumur.
Philippeaux, le plus ardent adversaire du parti Ronsin parmi les
representans, se rendit a Paris, et obtint un arrete du comite de salut
public en faveur de Canclaux. Ronsin fit revoquer l'arrete, et il fut
convenu alors qu'un conseil de guerre tenu a Saumur deciderait de l'emploi
des forces. Le conseil eut lieu le 2 septembre. On y comptait beaucoup de
representans et de generaux. Les avis se trouverent partages. Rossignol,
qui mettait une grande bonne foi dans ses opinions, offrit a Canclaux de
lui resigner le commandement, s'il voulait laisser agir les Mayencais par
Saumur. Cependant l'avis de Canclaux l'emporta; les Mayencais furent
attaches a l'armee de Brest, et la principale attaque dut etre dirigee de
la Basse sur la Haute-Vendee. Le plan de campagne fut signe, et on promit
de partir, a un jour donne, de Saumur, Nantes, les Sables et Niort.
La plus grande humeur regnait dans le parti de Saumur. Rossignol avait de
l'ardeur, de la bonne foi, mais point d'instruction, point de sante, et,
quoique franchement devoue, il etait incapable de servir d'une maniere
utile. Il concut, de la decision adoptee, moins de ressentiment que ses
partisans eux-memes, tels que Ronsin, Momoro et tous les agens
ministeriels. Ceux-ci ecrivirent sur-le-champ a Paris pour se plaindre du
mauvais parti qu'on venait de prendre, des calomnies repandues contre les
generaux sans-culottes, des preventions qu'on avait inspirees a l'
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