urs avec quelques cents hommes, le passa a gue, et vint se
ranger en bataille sur les derrieres de l'armee papale. Alors le general
Lahoz, avec les troupes lombardes, marcha sur le pont, et l'eut bientot
enleve. Les nouvelles troupes italiennes supporterent bien le feu, qui
fut un instant assez vif. On fit quatre a cinq cents prisonniers, et
on sabra quelques paysans. L'armee papale se retira en desordre. On la
poursuivit sur Faenza; on enfonca les portes de la ville, et on y entra
au bruit du tocsin et aux cris d'un peuple furieux. Les soldats en
demandaient le pillage; Bonaparte le leur refusa. Il assembla les
prisonniers faits dans la journee aux bords du Senio, et leur parla
en italien. Ces malheureux s'imaginaient qu'on allait les egorger.
Bonaparte les rassura, et leur annonca, a leur grand etonnement,
qu'il les laissait libres, a condition qu'ils iraient eclairer leurs
compatriotes sur les intentions des Francais, qui ne venaient detruire
ni la religion ni le Saint-Siege, mais qui voulaient ecarter seulement
les mauvais conseillers dont le pape etait entoure. Il leur fit ensuite
donner a manger et les renvoya. Bonaparte s'avanca rapidement de Faenza
a Forli, Cesene, Rimini, Pesaro et Sinigaglia. Colli, auquel il ne
restait plus que trois mille hommes de troupes regulieres, les retrancha
en avant d'Ancone dans une bonne position. Bonaparte les fit envelopper,
et enlever en grande partie. Il leur donna encore la liberte aux memes
conditions. Colli se retira avec ses officiers a Rome. Il ne restait
plus qu'a marcher sur cette capitale. Bonaparte se dirigea immediatement
sur Lorette, dont le tresor etait evacue et ou l'on trouva a peine un
million. La vierge en vieux bois fut envoyee a Paris, comme objet de
curiosite. De Lorette, il quitta les bords de la mer, et marcha par
Macerata sur l'Apennin, pour le traverser et deboucher sur Rome, si cela
devenait necessaire. Il arriva a Tolentino le 25 pluviose (13 fevrier),
et s'y arreta pour attendre l'effet que produiraient sa marche rapide
et le renvoi des prisonniers. Il avait mande le general des Camaldules,
religieux en qui Pie VI avait une grande confiance, et l'avait charge
d'aller porter a Rome des paroles de paix. Bonaparte souhaitait avant
tout que le pape se soumit et acceptat les conditions qu'il voulait
lui faire subir. Il ne voulait pas perdre du temps a faire a Rome une
revolution, qui pourrait le retenir plus qu'il ne lui convenait, qui
provoquerait peut-etre
|