etait chimerique l'annee precedente, mais aujourd'hui il etait devenu
possible. La politique seule du directoire aurait pu y mettre obstacle;
il aurait pu ne pas vouloir remettre toutes les operations de la guerre
dans les mains de ce jeune homme si absolu dans ses volontes. Cependant,
le bienveillant Larevelliere insista fortement pour qu'on lui fournit le
moyen d'executer un projet si beau, et qui terminait la guerre si vite.
Il fut decide que trente mille hommes lui seraient envoyes du Rhin. La
division Bernadotte fut tiree de l'armee de Sambre-et-Meuse; la division
Delmas de celle du Haut-Rhin, pour etre acheminees toutes deux a travers
les Alpes au milieu de l'hiver. Moreau fit les plus grands efforts pour
mettre la division Delmas en etat de representer convenablement l'armee
du Rhin en Italie; il choisit ses meilleures troupes, et epuisa ses
magasins pour les equiper. On ne pouvait etre mu par un sentiment plus
honorable et plus delicat. Ces deux divisions formant vingt et quelques
mille hommes, passerent les Alpes en janvier, dans un moment ou personne
ne se doutait de leur marche. Sur le point de franchir les Alpes, une
tempete les arreta. Les guides conseillaient de faire halte; on sonna la
charge, et on brava la tempete, tambour battant, enseignes deployees.
Deja ces deux divisions descendaient dans le Piemont, qu'on ignorait
encore leur depart du Rhin.
Bonaparte avait a peine signe la capitulation de Mantoue, qu'il etait
parti sans attendre que le marechal Wurmser eut defile devant lui, et
s'etait rendu a Bologne pour aller faire la loi au pape. Le directoire
aurait desire qu'il detruisit enfin la puissance temporelle du
Saint-Siege; mais il ne lui en faisait pas une obligation, et le
laissait libre d'agir d'apres les circonstances et sa volonte. Bonaparte
ne songeait point du tout a s'engager dans une pareille entreprise.
Tandis que tout se preparait dans la Haute-Italie pour une marche
au-dela des Alpes Juliennes, il voulait arracher encore une ou deux
provinces au pape, et le soumettre a une contribution qui suffit aux
frais de la nouvelle campagne. Aspirer a faire davantage, c'etait
compromettre le plan general contre l'Autriche. Il fallait meme que
Bonaparte se hatat beaucoup, pour etre en mesure de revenir promptement
vers la Haute-Italie; il fallait surtout qu'il se conduisit de maniere a
s'eviter une guerre de religion, et qu'il imposat a la cour de Naples,
laquelle avait signe la paix, mais ne se re
|