tes et bien vite fletries a votre corsage. J'enviai leur
sort neanmoins comme celui de tout ce qui vous touche et de tout ce qui
meurt par votre divin caprice. Le parfum si doux qu'elle elevaient vers
vous, comme une derniere haleine, n'etait-il pas un pardon? Douce, bien
douce cette odeur de fleur trop tot cueillie et trop vite s'etiolant.
J'ai pense que l'ame de ces violettes etait faite de tout ce que nous
avions reve pour l'ete disparu et que le temps ne nous a pas permis
de realiser. Car nous avions bien fait des projets de quoi remplir
vingt-quatre mois de jours sans pluie, promenades lointaine dans le
beau paysage dont les verdures semblent aussi denouees, la Seine qui le
traverse vingt fois etant pareille a un large ruban bleu flottant sous
une main capricieuse; voyages a travers ce beau pays de France qui est
comme un panorama de merveilles. Ici borde de neiges eternelles par la
dentelure profonde des montagnes, la doucement vallonne par le calme
ocean des collines bleues, ayant plus loin les horizons infinis de la
mer, partout baigne de lumiere et caresse par des souffles feconds. Nous
devions voir ensemble des villes ou le souvenir du passe nous ferait
croire que nous nous sommes aimes toujours, vous sous les parures
anciennes des belles femmes d'autrefois et moi sous le costume des
antiques chevaliers dont je sens le coeur fidele dans ma poitrine. Mon
Dieu, ma chere, qui nous dit que cela n'est pas vrai absolument? Il m'a
semble que je vous revoyais la premiere fois comme l'unique maitresse
d'une vie anterieure a ma naissance. Vous ne croyez peut-etre pas a la
metempsychose? Moi j'y crois tout a fait. Je vous dis que nous nous
etions rencontres deja et que cette passion nouvelle n'a fait que
reveiller, sur nos levres, des baisers endormis. Tous les bonheurs reves
auront leur jour dans l'eternite de notre tendresse. En attendant,
les violettes d'automne nous reprochent ceux que nous avons laisses
s'envoler!
* * * * *
A Toulouse, il n'y a pas encore de violettes. Je n'aimerais pas cette
vieille cite pour les liens d'affection et les amities qu'elle me garde,
que je lui serais reconnaissant d'attendre l'hiver et les premiers
froids pour s'emplir de violettes admirables, vivaces, plus belles que
celles de Nice cent fois et dont les bouquets enormes, promenes dans
les rues ou pendant derriere les vitrines, protestent contre les images
melancoliques qu'evoque, dans la pensee, le c
|