FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88  
89   90   91   92   93   94   95   96   97   98   99   >>  
froid que l'ombre ajoute au froid de la saison; a travers un decor plein d'une bruyante melancolie. C'etait l'heure ou l'activite populaire agonise avant le calme du repas du soir. Tout le boulevard etait dans les cafes, hors quelques rodeuses affamees, ombres vivantes attachees aux rares passants et dont les zigzags captifs laissaient derriere elles un fade parfum. La gaiete de ce spectacle n'etait pas pour me distraire des meditations douloureuses qui m'assaillaient. Apres une longue periode de foi aveugle, je me reprenais a douter que la femme fut autre chose qu'un mensonge delicieux fleuri de regards et de sourires ou elle ne laisse rien de son ame. Tout ce bruit charmant de tendresse dont elle nous enveloppe et qui nous leurre, rien qu'un bruit comme celui de l'onde indifferente ou du vent impassible qui passe. A quoi bon garder precieusement dans la memoire le souvenir des etreintes ou notre coeur s'est fondu en delices desesperees? Nous ne sentions pas son coeur au travers. Une invisible et mysterieuse cuirasse le defend de nos faiblesses, et des seins magnifiques ou meurt notre desir ne sont qu'un rempart qui l'eloigne davantage du notre. Elle est l'illusion qui charme et qui tue, l'eternelle embuche dressee sur le chemin de nos hautes aspirations et de nos viriles energies. Ainsi pensais-je, decourage de l'amour par un amour plus grand et plus vrai que tous les autres, et je marchais silencieux comme un pretre parmi les ruines d'un temple ecroule, me meurtrissant dans la nuit a des debris d'idoles. Soudain des voix amies m'appelerent, et je me trouvai subitement mele, en pleine lumiere, a des groupes de causeurs joyeux assis devant des verres ou riaient des poisons couleur d'emeraude, d'or brun et de rubis sanglant. * * * * * Quand je les quittai, une heure apres, la neige avait tombe abondamment, rayant encore de legeres broderies blanches le manteau gris du ciel, pareille a un vol de fleches obliques criblant les maigres arbres nus comme des saints Sebastiens. Les toits, les voitures, les chaussees, tout etait blanc, et c'etait un craquement sous les pas s'enfoncant dans ce froid tapis. Une vague clarte montait de toutes ces candeurs repandues, argentee comme si cet orient eut ete fait de rayons de lune en fusion. Les etoiles ont souvent l'air de rever. Peut-etre Perrette devenue etoile, comme c'est le commun destin des belles ames, avait-elle laisse choir a nouveau, du fir
PREV.   NEXT  
|<   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88  
89   90   91   92   93   94   95   96   97   98   99   >>  



Top keywords:
laisse
 

travers

 

sanglant

 
emeraude
 

couleur

 

silencieux

 

quittai

 

marchais

 

rayant

 

abondamment


poisons

 
autres
 

pretre

 
groupes
 
causeurs
 

joyeux

 

lumiere

 

appelerent

 

trouvai

 

pleine


encore

 

devant

 

temple

 

ecroule

 

ruines

 
riaient
 

meurtrissant

 

verres

 

Soudain

 

idoles


debris

 

subitement

 
arbres
 

rayons

 

fusion

 

etoiles

 

argentee

 

repandues

 

orient

 

souvent


belles
 
destin
 

nouveau

 

commun

 

etoile

 
Perrette
 

devenue

 
candeurs
 
obliques
 

fleches