rain se met en marche. Malgre la tristesse de la separation
et l'incertitude de l'avenir, quelques soldats faisant contre mauvaise
fortune bon coeur, se mettent a chanter les gais refrains de chansons
canadiennes. Bientot la gaiete devient, generale. A peine sortis de la
ville, MM. Davis et Portier nous distribuent des cigares, et en quelques
instants, n'eut-ce ete l'uniforme, on aurait pu nous prendre pour des
touristes en voyage. Dans la veillee, le Lt-Col. Ouimet passe de char
en char et presente au bataillon son aumonier le R. P. Provost et son
nouveau chirurgien, le Dr. Pare. Partout ils sont accueillis par des
cris de joie.
Vers deux heures et demie du matin, l'on arriva a Carleton Place. Le
train arreta et tout le bataillon alla reveillonner a l'hotel voisin de
la gare. Le repas fut des mieux servis et tres goute des soldats qui
devoraient les servantes des yeux tout en mangeant a pleine bouche;
le ventre et le coeur s'emplissaient a la fois, celui-la de mets et
celui-ci D'esperances.
[Illustration: REVD. PERE PROVOST, O.M.I.]
Plusieurs profiterent de cet arret pour ecrire des lettres a l'adresse
de leurs parents et de leurs amis. Une demi-heure plus tard le train se
remit en marche. Apres quelques minutes de divertissement, les soldats
se mirent au lit et tout rentra dans le silence.
Vers les neuf heures, le reveil sonna. A dix heures et demie, l'on passa
a Pembrooke. Des soldats du 42e vinrent nous rendre visite et nous
firent plusieurs dons de tabac, etc. En cet endroit le colonel recut une
lettre de Sa Grandeur Mgr Lorrain, vicaire apostolique de Pontiac. Le
saint eveque nous souhaitait beaucoup de succes dans notre entreprise et
terminait par ces paroles: "N. Z. Lorrain, ancien volontaire de l'armee
des hommes maintenant officier dans la paisible armee du Seigneur."
A une heure de l'apres-midi, nous descendions a Mattawa, L'appetit avait
eu tout le temps de se faire ressentir chez les soldats, et ce fut
avec joie qu'on se hata de descendre des chars pour aller diner. Mais
bernique! plusieurs furent desappointes; malgre que ce fut le Vendredi
Saint et qu'il y eut de la viande, le repas fut court; chacun se
contenta de devorer en imagination les mets qu'il s'etait promis de
manger. Ici, l'on se procura des bas, etc., crainte d'en manquer plus
tard; car plus on avancait, plus le froid augmentait. Le train continua
sans arret jusqu'a Scully's Junction, ou l'on devait avoir a souper;
mais par malheur on
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