avaient ete chasses. A
cote de Frederic Larsan, il chercha la verite; il vit avec
epouvante l'erreur ou s'abimait tout le genie du celebre policier;
en vain essaya-t-il de le rejeter hors de la mauvaise piste ou il
s'etait engage: le grand Fred ne voulut point consentir a recevoir
des lecons de ce petit journaliste. Nous savons ou cela a conduit
M. Robert Darzac.
"Or, il faut que la France sache, il faut que le monde sache que,
le soir meme de l'arrestation de M. Robert Darzac, le jeune Joseph
Rouletabille penetrait dans le bureau de notre directeur et lui
disait: "Je pars en voyage. Combien de tempsserai-je parti, je ne
pourrais vous le dire;peut-etre un mois, deux mois, trois
mois...peut-etre ne reviendrai-je jamais... Voici unelettre... Si
je ne suis pas revenu le jour ou M.Darzac comparaitra devant les
assises, vous ouvrirez cette lettre en cour d'assises, apres
ledefile des temoins. Entendez-vous pour cela avecl'avocat de M.
Robert Darzac. M. Robert Darzacest innocent. _Dans cette lettre il
y a le_ _nom del'assassin_, et, je ne dirai point: les preuves,
car, les preuves, je vais les chercher,mais _l'explication
irrefutable de sa__culpabilite."_ Et notre redacteur partit. Nous
sommes restes longtemps sans nouvelles mais un inconnu est venu
trouver notre directeur, il y a huit jours, pour lui dire:
"Agissez suivant les instructions de Joseph Rouletabille, _si la
chose devient_ _necessaire._ Il y a la verite dans cette lettre."
Cet homme n'a point voulu nous dire son nom.
"Aujourd'hui, 15 janvier, nous voici au grand jour des assises;
Joseph Rouletabille n'est pas de retour; peut-etre ne le
reverrons-nous jamais. La presse, elle aussi, compte ses heros,
victimes du devoir: le devoir professionnel, le premier de tous
les devoirs. Peut-etre, a cette heure, y a-t-il succombe! Nous
saurons le venger. Notre directeur, cet apres-midi, sera a la cour
d'assises de Versailles, avec la lettre: _la lettre qui contient
le nom de_ _l'assassin!"_
En tete de l'article, on avait mis le portrait de Rouletabille.
Les parisiens qui se rendirent ce jour-la a Versailles pour le
proces dit du "Mystere de la Chambre Jaune" n'ont certainement pas
oublie l'incroyable cohue qui se bousculait a la gare Saint-
Lazare. On ne trouvait plus de place dans les trains et l'on dut
improviser des convois supplementaires. L'article de _L'Epoque_
avait bouleverse tout le monde, excite toutes les curiosites,
pousse jusqu'a l'exasperation la pas
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