ses. La principale etait l'insuffisance de la recolte. Quoiqu'elle se
fut annoncee tres belle, la secheresse, puis les brouillards, avaient
trompe toutes les esperances. Le battage avait ete neglige, comme dans
les annees precedentes, soit par le defaut de bras, soit par la mauvaise
volonte des fermiers. Les assignats baissant tous les jours, et etant
tombes recemment au dixieme de leur valeur, le _maximum_ etait devenu
plus oppressif, et la repugnance a y obeir, les efforts pour s'y
soustraire plus grands. Les fermiers faisaient partout de fausses
declarations, et etaient aides dans leurs mensonges par les
municipalites qui venaient, comme on sait, d'etre renouvelees. Composees
presque toutes d'hommes moderes, elles secondaient volontiers la
desobeissance aux lois revolutionnaires; enfin tous les ressorts de
l'autorite etant relaches, et le gouvernement ayant cesse de faire peur,
les requisitions pour l'approvisionnement des armees et des grandes
communes n'etaient plus obeies. Ainsi, le systeme extraordinaire des
approvisionnemens, destine a suppleer au commerce, se trouvait
desorganise bien avant que le commerce eut repris son mouvement naturel.
La disette devait etre plus sensible encore dans les grandes communes,
toujours plus difficiles a approvisionner. Paris etait menace d'une
famine plus cruelle qu'aucune de celles dont on avait eu peur dans le
cours de la revolution. Aux causes generales se reunissaient des causes
toutes particulieres. Par la suppression de la commune conspiratrice du
9 thermidor, le soin d'alimenter Paris avait ete transmis de la commune
a la commission de commerce et d'approvisionnement: il etait resulte de
ce changement une interruption dans les services. Les ordres avaient
ete donnes fort tard, et avec une precipitation dangereuse. Les moyens
de transport manquaient; tous les chevaux, comme on l'a vu, avaient ete
creves, et outre la difficulte de reunir des quantites suffisantes de
ble, il y avait encore celle de le transporter a Paris. Les lenteurs,
les pillages sur les routes, tous les accidens ordinaires des disettes,
dejouaient les efforts de la commission. A la disette des subsistances
se joignait celle des bois de chauffage et du charbon. Le canal de
Briare avait ete desseche pendant tout l'ete. Les charbons de terre
n'etant pas arrives, les usines avaient consume tout le charbon de bois.
Les coupes de bois avaient ete tardivement ordonnees, et les
entrepreneurs de flottage, vexes par
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