rer une
valeur egale en marchandises.
Enfin on s'occupa de la difficile question des assignats. Il y en avait
a peu pres 7 milliards 5 ou 600 millions en circulation reelle; il en
restait dans les caisses 5 ou 600 millions; la somme fabriquee s'elevait
donc a 8 milliards. Le gage restant en biens de premiere et seconde
origine, tels que bois, terres, chateaux, hotels, maisons, mobilier,
s'elevait a plus de 15 milliards, d'apres l'evaluation actuelle en
assignats. Le gage etait donc bien suffisant. Cependant l'assignat
perdait les neuf dixiemes ou les onze douziemes de sa valeur, suivant la
nature des objets contre lesquels on l'echangeait. Ainsi l'etat qui
recevait l'impot en assignats, le rentier, le fonctionnaire public, le
proprietaire de maisons ou de terres, le creancier d'un capital, tous
ceux enfin qui recevaient ou leurs appointemens, ou leurs revenus, ou
leurs salaires, ou leurs remboursemens en papier, faisaient des pertes
toujours plus enormes; le desordre qui en resultait devenait chaque jour
plus grand. Cambon proposa d'augmenter les appointemens des
fonctionnaires publics et le revenu des rentiers. Apres avoir combattu
sa proposition, on se vit oblige de l'adopter pour les fonctionnaires
publics, qui ne pouvaient plus vivre. Mais c'etait la un bien faible
palliatif pour un mal immense; c'etait soulager une classe sur mille.
Pour les soulager toutes, il fallait retablir le juste rapport des
valeurs; mais comment y parvenir?
On aimait a faire encore les reves de l'annee precedente; on recherchait
la cause de la depreciation des assignats, et les moyens de les relever.
D'abord, tout en avouant que leur grande quantite etait une cause
d'avilissement, on cherchait aussi a prouver qu'elle n'etait pas la plus
grande, pour se disculper de l'excessive emission. En preuve, on disait
qu'au moment de la defection de Dumouriez, du soulevement de la Vendee,
et de la prise de Valenciennes, les assignats, circulant en quantite
beaucoup moindre qu'apres le deblocus de Dunkerque, de Maubeuge et de
Landau, perdaient neanmoins davantage; ce qui etait vrai, et ce qui
prouvait que les defaites et les victoires influaient sur le cours du
papier-monnaie; verite sans doute incontestable. Mais aujourd'hui,
ventose an III (mars 1795), la victoire etait complete sur tous les
points, la confiance dans les ventes etait etablie, les biens nationaux
etaient devenus l'objet d'une espece d'agiotage, une foule de
speculateurs achetaient
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