Beaucoup de difficultes s'etaient elevees en effet en
Hollande, soit a cause des conditions de la paix, soit a cause de
l'exaltation du parti patriote. Le comite de salut public y avait
depeche deux de ses membres, capables par leur influence de terminer
tous les differends. Dans l'interet de la negociation, il avait demande
a la convention la faculte de ne designer ni leur nom ni l'objet de leur
mission. L'assemblee y avait consenti, et ils etaient partis
sur-le-champ.
Il etait naturel que de si grands evenemens, que de si hauts interets
excitassent des esperances, des craintes et des dires si contraires.
Mais, malgre toutes ces rumeurs, les conferences continuaient avec
succes; le comte de Hardenberg avait remplace a Bale le baron de Goltz,
et les conditions allaient etre arretees de part et d'autre.
A peine ces negociations avaient-elles ete entamees que l'empire des
faits s'etait fait sentir, et avait exige des modifications aux pouvoirs
du comite de salut public. Un gouvernement tout ouvert, qui ne pourrait
rien cacher, rien decider par lui-meme, rien faire sans une deliberation
publique, serait incapable de negocier un traite avec aucune puissance,
meme la plus franche. Il faut, pour traiter, signer des suspensions
d'armes, neutraliser des territoires; il faut surtout du secret, car une
puissance negocie quelquefois long-temps avant qu'il lui convienne de
l'avouer; ce n'est pas tout: il y a souvent des articles qui doivent
demeurer ignores. Si une puissance promet, par exemple, d'unir ses
forces a celles d'une autre; si elle stipule ou la jonction d'une armee
ou celle d'une escadre, ou un concours quelconque de moyens, ce secret
devient de la plus grande importance. Comment le comite de salut public,
renouvele par quart chaque mois, oblige de rendre compte de tout, et
n'ayant plus la vigueur et la hardiesse de l'ancien comite qui savait
tout prendre sur lui-meme, comment aurait-il pu negocier, surtout avec
des puissances honteuses de leurs fautes, n'avouant qu'avec peine leur
defaite, et tenant toutes, ou a laisser des conditions cachees ou a ne
publier leur transaction que lorsqu'elle serait signee? La necessite ou
il s'etait trouve d'envoyer deux de ses membres en Hollande, sans faire
connaitre ni leur nom, ni leur mission, etait une premiere preuve du
besoin de secret dans les operations diplomatiques. Il presenta en
consequence un decret qui lui attribuait les pouvoirs indispensablement
necessaires pour tra
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