federalisme. Elle les distingua des
emigres, et rendit une loi par laquelle les laboureurs, les ouvriers
sortis de France depuis le 1er mai 1798, et disposes a y rentrer avant
le 1er germinal, ne seraient pas consideres comme emigres. La loi des
suspects, dont on demandait le rapport, fut maintenue; mais elle n'etait
plus redoutable qu'aux patriotes, qui etaient devenus les suspects du
jour. Le tribunal revolutionnaire venait d'etre entierement recompose,
et ramene a la forme des tribunaux criminels ordinaires: il y avait
juges, jures et defenseurs. On ne pouvait plus juger sur pieces ecrites
et sans entendre les temoins. La loi qui permettait la mise hors des
debats, et qui avait ete rendue contre Danton, etait rapportee. Les
administrations de district devaient cesser d'etre permanentes, excepte
dans les villes au-dessus de cinquante mille ames. Enfin le grand
interet du culte etait regle par une loi nouvelle. Cette loi rappelait
qu'en vertu de la declaration des droits, tous les cultes etaient
libres; mais elle declarait que l'etat n'en salariait plus aucun, et
n'en permettait plus la celebration publique. Chaque secte pouvait
construire, louer des edifices, et se livrer aux pratiques de son culte
dans l'interieur de ces edifices. Enfin, pour remplacer les anciennes
ceremonies de la religion catholique, et celles de la _Raison_, la
convention venait de faire un plan de fetes decadaires. Elle avait
combine la danse, la musique et les exhortations morales, de maniere a
rendre profitables les plaisirs du peuple, et a produire sur son
imagination des impressions a la fois utiles et agreables. Ainsi,
distraite du soin pressant de se defendre, la revolution depouillait ses
formes violentes, et revenait a sa mission veritable, celle de favoriser
les arts, l'industrie, les lumieres et la civilisation.
Mais tandis qu'on voyait les lois cruelles disparaitre, les hautes
classes se recomposer et se livrer aux plaisirs, les classes inferieures
souffraient d'une affreuse disette, et d'un froid presque inconnu dans
nos climats. Cet hiver de l'an III, qui nous avait permis de traverser a
pied sec les fleuves et les bras de mer de la Hollande, nous faisait
payer cher cette conquete, en condamnant le peuple des villes et des
campagnes a de rudes souffrances. C'etait sans contredit le plus
rigoureux du siecle: il surpassait encore celui qui preceda l'ouverture
des etats-generaux en 1789. Les subsistances manquaient par differentes
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