nce dans ceux qu'il avait lui-meme choisis pour surveiller
l'execution de ses volontes.
Mais il n'en avait pas ete de meme quand le conseil de famille, d'accord
avec le tuteur, avait voulu fixer le genre de vie de Claude.
Heritiere de soixante mille francs de rente, restes d'une fortune que M.
de Chambrais avait tres gaillardement depensee, Claude ne pouvait pas,
semblait-il, demeurer plus longtemps chez le garde Dagomer, il fallait
la mettre dans un couvent ou elle recevrait l'education qui convenait a
la dot avec laquelle elle entrerait dans la vie, et qui se trouverait
presque doublee par l'accumulation des interets; mais par raisons de
convenances, on n'avait pas voulu decider quel serait ce couvent, s'en
remettant, pour ce choix, a la comtesse d'Unieres, dont on demandait
l'avis.
L'avis de Ghislaine avait ete qu'on devait la laisser encore a
Chambrais: elle savait que son oncle desirait que Claude n'entrat pas
au couvent avant dix ans,--ce qui etait vrai d'ailleurs, cette question
ayant ete agitee et resolue entre eux depuis longtemps,--et elle
trouvait que la volonte de son oncle devait etre respectee. Sans doute
l'instruction de l'enfant devait etre commencee: mais il semblait
qu'elle pouvait l'etre des maintenant, sans qu'on la mit au couvent tout
de suite, ou sans qu'on l'envoyat a l'ecole communale, ce qui ne serait
pas decent.
Lors de son mariage, Ghislaine s'etait bien entendu, separee de lady
Cappadoce; mais celle-ci, au lieu de retourner en Angleterre comme elle
en avait si souvent exprime le desir, avait annonce son intention de
rester encore quelque temps en France: elle n'avait pas recueilli
l'heritage qu'elle attendait, et elle ne voulait rentrer dans son pays
que pour occuper le rang qui lui appartenait par droit de naissance.
Jusque-la elle supporterait son exil avec dignite, quelque part dans un
village aux environs de Paris, dont le climat convenait a sa sante,--le
climat etait la seule chose qu'elle acceptat sans critique en France--et
ou elle pourrait cacher sa mediocrite.
Pour lui adoucir les rigueurs de cet exil, Ghislaine lui avait offert
dans le village une maisonnette qui, habitee autrefois par l'intendant,
etait libre maintenant, et lady Cappadoce l'avait acceptee. Installee la
depuis huit ans, elle y vivait en attendant son heritage, partageant son
temps entre la lecture du _Morning Post_ et des promenades quotidiennes
dans le jardin potager et les serres du chateau, pendant lesq
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