opulation etait arrivee a 1,500 ames; la ville etait protegee par une
milice devouee et intrepide, et elle etait environnee de remparts en
palissades avec des bastions.
Le gouverneur etait toujours M. Perot, neveu de M. Talon par sa femme,
et beau-frere, par sa soeur, de M. le president de Bretonvilliers, frere
du superieur de Saint-Sulpice. Le major etait M. Bisard, qui avait
epouse la fille de M. Lambert Closse. Le cure etait M. Dollier de
Casson, residant a Montreal avec M. Souart, l'ancien instituteur des
jeunes Le Moyne.
M. d'Urfe et M. de Fenelon s'occupaient surtout des missions. M. de
Belmont etait a la tete de la mission de la Montagne.
Les Le Moyne avaient beaucoup de parents dans la ville: M. Jacques Le
Moyne et ses fils, madame Le Ber et ses enfants, parmi lesquels Jeanne,
cette jeune fille d'une piete si eminente, et qui menait la vie de
recluse dans la maison de ses parents.
M. Charles Le Moyne avait quitte sa maison de la rue Saint-Joseph pour
aller s'etablir sur le quai, pres de la rue Saint-Charles. De la, il
pouvait se rendre plus facilement a son fief de Longueuil, ou il faisait
elever un chateau considerable. M. Le Ber avait aussi quitte la rue
Saint-Joseph, et il etait venu s'etablir sur la rue Saint-Paul, pres de
la rue Saint-Dizier, ou il etait plus commodement pour les interets de
son commerce.
Les principaux citoyens que l'on cite a ce moment dans le recensement
etaient les amis ou les allies de la famille Le Moyne, et ils ont tous
eu des descendants nombreux dans le pays. C'etaient MM. Prud'homme,
Descaries, Deschamps, Jean Dupuy, Urbain Tessier, de Lamothe, de Brasac,
Robert Cavelier, Antoine Primot, Francois Lenoir, Pierre Robutel, de
Hautmesnil.
Les jeunes Le Moyne, en attendant les ordres du gouvernement qu'on leur
avait fait pressentir, accompagnerent encore leur pere, qui prit part a
deux expeditions, en 1684 et 1685.
D'abord en 1684, M. de Frontenac, voulant etablir une ferme
confiance parmi les colons contre les entreprises des sauvages,
resolut d'aller trouver ceux-ci pour les determiner a faire une paix
durable; enfin, il voulait aussi explorer les nations de l'Ouest pour
lier commerce avec elles, et les attirer dans notre parti en cas de
rupture avec les Iroquois. C'est alors qu'il determina d'envoyer, en
forme d'ambassade, quelques Canadiens amis des sauvages, pour les
assurer de la decision du roi a l'egard de la paix.
Charles Le Moyne fut choisi. Il avait la conf
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