rs, le calme etant arrive au grand deplaisir des equipages, le pere
profita de cette circonstance pour suggerer une neuvaine a la bonne
sainte Anne, que les Canadiens honoraient beaucoup, surtout depuis
l'erection d'un sanctuaire special pres de Quebec par M. l'abbe de
Queylus, superieur du seminaire de Montreal.
Le vent devint favorable, et l'on continua a avancer; mais le 12
septembre, le vent ayant encore tourne, les Canadiens firent un voeu en
promettant a sainte Anne une part dans leur premier butin, et presque
tous s'approcherent des sacrements. Les autres matelots et soldats,
voyant le zele des Canadiens, voulurent les imiter, et ils allerent a
confesse. Le Pere Marest fait la remarque que M. d'Iberville et les
autres officiers se mirent a leur tete. Ce qui est a noter, c'est que le
vent reprit aussitot.
Trois jours apres, on se trouvait devant la riviere Bourbon. La joie
fut grande. On chanta l'hymne _Vexilla regis prodeunt_, en repetant
plusieurs fois: _O crux ave_. Nous repetames plusieurs fois, dit le Pere
Marest, _O crux, ave_, pour honorer la croix dans un pays ou elle a ete
souvent profanee et abattue par les heretiques.
Pres de la riviere Bourbon est la riviere Sainte-Therese, ou l'on arriva
le 24 septembre. Les marins ne manquerent pas de se mettre sous la
protection de cette grande sainte.
Comme la mer etait houleuse, on allegea le navire en le dechargeant avec
les canots d'ecorce qui avaient ete apportes de Quebec, et "que les
Canadiens, dit le pere, manoeuvraient avec une adresse admirable."
Vers ce temps, le jeune Chateauguay etant alle a la rencontre des
Anglais, fut blesse d'une balle; aussitot le pere alla l'assister. Il
mourut, au grand chagrin de ses freres. Le pere remarque encore que
tous les malheurs qui survenaient n'abattaient pas le courage de M.
d'Iberville. "Il savait toujours se contenir, et ne voulait pas qu'aucun
signe d'inquietude vint troubler son monde. Il etait sans cesse en
action, dirigeant tout et pourvoyant a tout: il montrait une presence
d'esprit que rien ne pouvait abattre."
Le 11 octobre, le chemin pour conduire les canons etait praticable;
le 12 et le 13 on placa les mortiers en batterie et l'on commenca la
canonnade. Le 15, jour de sainte Therese, les Anglais se rendirent.
"Nous admirames la divine Providence, dit le Pere Marest. Les gens,
en penetrant dans la riviere Sainte-Therese, s'etaient mis sous la
protection de la sainte, et le jour de la fete, le 15,
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