u au moins autant de part a la prise de la place que M. de
Brouillan.
M. d'Iberville ne fit aucune observation. Il se reservait de faire
connaitre plus tard ce qu'il pensait de tous ces manques d'egards.
Voici quels etaient les termes de la reddition de la place:
On convint: 1 deg. que la place se rendrait a deux heures de l'apres-midi;
2 deg. que le gouverneur et ses hommes sortiraient sans armes, qu'ils
auraient la vie sauve et conserveraient ce qu'ils portaient sur eux; 3 deg.
qu'on leur fournirait deux batiments et des vivres pour retourner en
Angleterre.
Les Francais avaient fait 300 prisonniers et ils avaient trouve 62,600
quintaux de morue, ce qui, joint aux prises recentes, portait le butin
jusqu'a ce jour a plus de 110 mille quintaux.
Saint-Jean est un beau havre pouvant recevoir deux cents vaisseaux. Son
entree est de la largeur d'une portee de fusil; elle est dominee par
deux montagnes tres hautes, avec une batterie de huit canons. Outre
cela, il y avait trois forts, comme nous l'avons vu plus haut.
Les fermes, qui suivirent la destinee du fort, etaient au nombre de
soixante et occupaient une demi-lieue le long de la rade.
Comme on ne pouvait occuper cette ville, il fallut demolir les forts et
bruler les habitations. On conserva quelques maisons pour le soin des
malades qu'on ne pouvait transporter.
Le bruit de cette prise se repandit dans toutes les stations anglaises,
et y mit la plus grande consternation.
Apres cet exploit, M. de Brouillan, se trouvant accable de fatigue, se
decida a retourner a Plaisance, laissant a d'Iberville tous les honneurs
et les soucis de l'expedition.
"Le 23 decembre, apres ma messe, dit M. Beaudoin, etant aupres du feu,
avec M. d'Iberville, M. de Brouillan vint lui dire qu'il etait incapable
de le suivre dans les voyages sur la neige, telle que doit etre la
guerre qu'il a eu a faire tout l'hiver, et qu'il veut ramener son monde
a Plaisance par le chemin que d'Iberville avait suivi pour venir a
Rognouse. M. d'Iberville, voyant qu'il paraissait accable de fatigue
et excede de tous les mecomptes qu'il s'etait attires par sa faute, ne
tenta point de le dissuader, et lui fit ses adieux dans les meilleurs
termes. M. de Brouillan partit alors a travers les neiges, qui etaient
tres hautes, ayant avec lui quatre Canadiens qui devaient lui battre le
chemin."
On etait arrive a la fin du mois de decembre.
Avant de se remettre en marche, M. d'Iberville prit soin de f
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