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celebrer la grande fete de Noel a ses Canadiens, qui etaient aussi
fervents chretiens qu'intrepides combattants. Il y eut solennite
religieuse, grace a la presence de M. Beaudoin, et du Pere Simon qui
l'assistait: messe de minuit, grand'messe du jour avec fanfares et
sonneries des clairons, coups de canons et pieces d'artifices. C'est
ainsi que l'on arriva au mois de janvier 1697.
D'Iberville, qui avait conserve tous ses hommes, se disposa a continuer
sa marche au nord. Il envoya en avant de Montigny, qui s'empara de deux
stations importantes; Kividi et Portugal Cove. Il sa saisit aussi d'une
chaloupe qui venait de Carbonniere, et il fit cent prisonniers.
Pendant ce temps, un autre lieutenant de d'Iberville, M. de La Perriere,
s'empara de Tascove et du cap Saint-Francois, a l'extremite de la baie
de la Conception. D'Iberville suivait avec le corps principal; il prit
80 chaloupes, et se rendit maitre de 35 lieues de pays sur le cote sud
de la baie de la Conception.
Apres avoir reuni tout son monde, il se disposa a occuper l'autre cote
de la baie; mais avant de partir, il fit fabriquer des raquettes pour
ses gens. Depuis plusieurs jours la neige etait tombee en si grande
quantite que les sauvages disaient n'avoir jamais rien vu de semblable
en Canada: elle atteignait dans les vallees jusqu'a vingt pieds de
hauteur.
Nous n'avons pas besoin de decrire longuement les raquettes dont les
Canadiens avaient tire tant d'avantages dans leur expedition de la baie
d'Hudson. On les nommait ainsi parce qu'elles avaient a peu pres la
forme des raquettes du jeu de paume, seulement, elles etaient plus
grandes. On les attache sous le pied avec une double courroie qui Part
du centre de la raquette et qui fixe le pied tres solidement. Avec cet
appareil, un homme exerce peut franchir les neiges les plus epaisses
sans enfoncer, et avec une singuliere rapidite.
On partit le 18 janvier, de Montigny marchant toujours en avant; et deux
jours apres, grace aux raquettes, on arriva a trente lieues de distance,
sur la cote nord, pres du fort de Carbonniere et en face de l'ile
du meme nom. C'est la que se trouvait l'une des stations les plus
importantes des Anglais.
On navigua plusieurs jours en vue de l'ile, en attendant un moment
favorable pour debarquer.
Le chevalier s'empara d'abord de plusieurs chaloupes des habitations
voisines, et les mit aussitot en bon etat.
Apres plusieurs tentatives, on vit qu'il fallait renoncer a ce
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