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Il obtint donc de former une expedition pour attaquer les stations
anglaises. En meme temps, l'avis fut envoye a M. de Brouillan,
commandant de l'etablissement francais de Plaisance, au sud-ouest de
l'ile, de lui laisser tout pouvoir et de l'assister avec ses forces.
Vers le commencement de l'annee 1696, M. d'Iberville revint au Canada
avec M. de Bonaventure, officier de marine: ils avaient deux vaisseaux.
Il devait trouver reunis une centaine de Canadiens, qu'il avait formes,
les annees precedentes, aux entreprises les plus perilleuses.
A son arrivee, il les enrola avec d'autres volontaires qui trafiquaient
avec les sauvages dans les pays les plus eloignes du centre. Leur
principal merite etait un courage et une hardiesse a toute epreuve: on
les appelait les coureurs de bois, mais ils avaient a rencontrer tant
d'obstacles et tant de dangers, que les memoires du temps disent qu'on
devait plutot les appeler des "coureurs de risques".
M. d'Iberville, ayant choisi ses gens, fit annoncer a M. de Brouillan
qu'il le rejoindrait aux premiers jours de septembre. Il etait au milieu
de ses preparatifs, lorsque survint une cause de retard difficile a
eviter. Le gouverneur general, inquiet des progres des Anglais dans
l'Acadie, demanda a d'Iberville d'aller prendre part a l'attaque que
du fort ile Pemaquid, que les Bostonnais, comme nous l'avons deja dit,
avaient etabli au centre du pays des Abenaquis, amis devoues de la
France. De la, les Anglais menacaient sans cesse nos fideles allies.
M. d'Iberville et M. de Bonaventure, commissionnes par M. de Frontenac,
arriverent a la baie des Espagnols le 26 juin 1696. La, ils trouverent
M. Beaudoin, missionnaire arrive recemment de France, qui avait reuni
quelques sauvages et qui voulait se joindre a M. d'Iberville.
M. Beaudoin, dont le nom reviendra souvent dans ce recit, avait ete
mousquetaire dans les gardes du roi. Il entra, jeune encore, au
seminaire de Saint-Sulpice de Paris, et y resta plusieurs annees sous la
direction de M. Tronson; ensuite, il vint en Acadie, ou il evangelisa
les sauvages.
Il etait alle chercher des ressources en France, l'annee precedente,
pour ses pauvres ouailles. S'etant presente a la cour, il fut prie
d'accompagner M. d'Iberville a Terre-Neuve.
M. Beaudoin fut donc ainsi amene a faire cette expedition, et c'est a
lui que l'on doit surtout d'en connaitre les incidents. A son retour, il
en ecrivit une relation tres detaillee, et avec
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