fort, mais le gouverneur envoya le ministre, M.
Morrisson, proposer une capitulation, qui ne put etre acceptee a cause
des conditions qui l'accompagnaient. Enfin, le lendemain, 13 septembre,
le gouverneur envoya des parlementaires charge d'accepter les conditions
posees par M. d'Iberville.
A une heure de l'apres-midi, l'evacuation eut lieu. La garnison sortit
tambours battants, meches allumees, enseignes deployees, avec armes et
bagages.
Le fort Nelson, que l'on venait de prendre, est au 59e degre 30 m. de
latitude; c'est la derniere place de l'Amerique septentrionale. Il etait
en forme de trapeze avec quatre bastions. Dans chaque bastion il y
avait des fauconneaux et des pieces de quatre et de huit. En tout, deux
mortiers de fonte, 34 canons et plusieurs petites pieces.
M. d'Iberville installa ses hommes, puis fit celebrer les offices
religieux. M. de Fitz-Maurice fit les offices et ensuite s'occupa de se
mettre en rapport avec les sauvages.
Cette campagne rendait la France maitresse de toute la baie d'Hudson et
du toutes ses richesses, qui sont tres grandes, car dans un climat
si rude la Providence a pourvu merveilleusement a la subsistance des
peuples qui y sont etablis.
Les rivieres sont tres poissonneuses, la chasse y est abondante. Il y a
des perdrix en si grande quantite qu'on peut en tirer des milliers et
des milliers. Elles sont toutes blanches, beaucoup plus delicates que
celles d'Europe, et presque aussi grosses que des poules. Les outardes
et les oies sauvages y abondent si tort au printemps et a l'automne,
que les bords des rivieres en sont remplis. Les caribous s'y trouvent
presque toute l'annee; on les rencontre parfois par bandes de sept a
huit cents. La viande en est encore meilleure que celle du cerf.
Les pelleteries sont tres nombreuses, tres variees, tres precieuses,
bien plus belles que celles des climats plus doux: les martes, les
renards noirs, les loutres, les ours, les loups, les castors sont tres
abondants et d'une fourrure fournie et tres fine. Mais ce qui pouvait
surtout attacher les Francais a ce pays, c'est que les sauvages sont
bons, tres desireux d'embrasser la vraie religion, et tout differents
des populations iroquoises, qui ont ete si acharnees contre les
etablissements francais.
Les sauvages venaient donc un foule au fort Nelson pour se mettre on
rapport avec les Francais, qu'ils avaient appris a aimer dans leurs
rapports precedents. Ils aimaient ardemment le noble cara
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