et les Hollandais
occupaient des pays d'un climat tempere et d'une production
surabondante.
"Ils pouvaient attirer des quantites innombrables d'emigrants; de plus,
ils pouvaient les etablir avantageusement et les fixer pour jamais.
"Les Francais qui viennent dans la Nouvelle-France y sont attires par
quelques avantages: par l'immensite des forets et des pecheries a
exploiter; mais ils ont a, lutter contre un climat si rigoureux, qu'ils
ne songent apres avoir amasse quelque bien, qu'a s'en aller le faire
fructifier dans la mere patrie. De la, une cause d'inferiorite pour les
colonies francaises. Les Anglais sont etablis dans le sud, sous une zone
superieure a celle de leur propre pays; quand ils en ont joui pendant
quelques annees, il ne veulent plus partir et contribuent a elever ainsi
chaque annee le chiffre de leur population.
"Aussi les Francais ne se comptent que par vingt mille, et leurs voisins
par plus de deux cent mille.
"Pour soutenir la concurrence, il faudrait donc que tout en conservant
les possessions si avantageuses du nord, la France songeat a occuper
les contrees si favorables du sud, sur les rives du Mississipi et du
Missouri, et cela jusques aux bords du golfe du Mexique, ou se trouvent
les plus beaux pays du monde.
"Et ce serait d'autant plus urgent que les Anglais se preparent a
s'etablir dans ces immenses contrees du sud."
Et il concluait par ces paroles:
"Si la France ne se saisit de cette partie de l'Amerique qui est la
plus belle, pour avoir une colonie capable de resister aux forces
de l'occupation anglaise, celle-ci, qui est deja tres considerable,
s'augmentera de maniere que dans moins de cent annees, elle sera assez
forte pour se saisir de toute l'Amerique et en chasser toutes les autres
nations.
"D'un autre cote, la possession du Canada ne peut avoir son prix que
par l'extension a l'ouest par le Mississipi, et cette extension n'a
absolument d'utilite que par la possession des bouches de ce fleuve,
qui mettra le grand Ouest en communication avec les iles francaises des
Antilles, et principalement avec Saint-Domingue."
Vauban, dans ses considerations sur l'avenir des colonies francaises,
avait absolument les memes idees que le chevalier d'Iberville. Quant a
la qualite des etablissements coloniaux, disait-il, il n'y a rien de
plus noble et de plus necessaire.
"Rien de plus noble, parce qu'il n'y va pas moins que de donner
naissance et accroissement a une immense monarchie
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