ile, dans le district de Leogane, M.
d'Iberville s'y dirigea aussitot.
M. d'Iberville se mit en rapports avec le gouverneur et obtint tous
les ravitaillements qui lui etaient necessaires. Le gouverneur parut
enchante des vues du commandant et de son air de resolution. Il lui
accorda quelques flibustiers pour remplacer les hommes qui avaient
succombe dans la traversee; il y avait six Canadiens et deux ecrivains
de morts, ce qui fait dire a M. d'Iberville: "La maladie n'en veut
qu'aux Canadiens et aux ecrivains."
M. d'Iberville dit qu'il partit de Leogane le premier jour de l'annee
1699, a midi, etant alors au 78e degre de longitude.
Il savait tres bien qu'il ne devait pas suivre le cote nord de l'ile de
Cuba, a cause des grands courants venant du sud, qui font le tour du
golfe du Mexique et qui remontent par le bras de mer situe entre Cuba et
la Floride.
Il longea donc avec son escadre la cote sud de l'ile de Cuba. Il
parcourut toutes ces petites iles qui environnent Cuba au sud, qui
sont ravissantes de fraicheur et de forme, couvertes de palmiers et
d'orangers charges de fleurs et de fruits. Il vit alors ces sites
enchanteurs et parfumes que Christophe Colomb avait appeles "les jardins
de la reine", a cause des merveilles de leur vegetation. Il fallait
passer au milieu de ces iles environnees de coraux et de madrepores, ou
les navires pouvaient echouer; mais le commandant savait trouver son
chemin au milieu de tous ces obstacles. Il etait d'ailleurs grandement
aide par l'experience d'un vieux marin nomme M. de Graff, que M. de
Chateaumorand avait pris avec lui au Cap, et qui avait navigue pendant
plusieurs annees au milieu de ces parages.
Le 4 janvier, on etait a l'extremite ouest de Saint-Domingue; ensuite,
on arriva a Santiago, ville principale de Cuba. Le 9, on etait au cap de
Corientes, a l'extremite ouest de Cuba; et enfin, le jour suivant, en
face du cap de Cruz, ainsi nomme parce que Christophe Colomb y avait
plante une croix.
Les jours suivants, on entrait dans les eaux de la Floride, et en
suivant les courants du sud, l'on avancait vers les cotes est du golfe.
La _Badine_, le _Marin_ et le _Francais_ voguaient de conserve dans
le golfe, accompagnes des felouques et des tartanes qui portaient les
provisions.
Pour ceux qui connaissaient le but de ce voyage, le spectacle etait
imposant. C'etait une marche comparable a celle de l'escadre de
Christophe Colomb, lorsqu'il accosta, non loin de la, aux
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