vance.
Mais elle repondit:
--Un moment, je t'ouvre. Tu attendras que je me sois recouchee.
Il entendit ses pieds nus sur le parquet puis le bruit du verrou
glissant. Elle cria:
--Entre.
Il entra. Elle etait assise dans son lit tandis qu'a son cote, Roland,
un foulard sur la tete et tourne vers le mur, s'obstinait a dormir. Rien
ne l'eveillait tant qu'on ne l'avait pas secoue a lui arracher le bras.
Les jours de peche, c'etait la bonne, sonnee a l'heure convenue par le
matelot Papagris, qui venait tirer son maitre de cet invincible repos.
Pierre, en allant vers elle, regardait sa mere; et il lui sembla tout a
coup qu'il ne l'avait jamais vue.
Elle lui tendit ses joues, il y mit deux baisers, puis s'assit sur une
chaise basse.
--C'est hier soir que tu as decide cette partie? dit-elle.
--Oui, hier soir.
--Tu reviens pour diner?
--Je ne sais pas encore. En tout cas, ne m'attendez point.
Il l'examinait avec une curiosite stupefaite. C'etait sa mere, cette
femme! Toute cette figure, vue des l'enfance, des que son oeil avait
pu distinguer, ce sourire, cette voix si connue, si familiere, lui
paraissaient brusquement nouveaux et autres de ce qu'ils avaient ete
jusque-la pour lui. Il comprenait a present que, l'aimant, il ne l'avait
jamais regardee. C'etait bien elle pourtant, et il n'ignorait rien
des plus petits details de son visage; mais ces petits details il les
apercevait nettement pour la premiere fois. Son attention anxieuse,
fouillant cette tete cherie, la lui revelait differente, avec une
physionomie qu'il n'avait jamais decouverte.
Il se leva pour partir, puis, cedant soudain a l'invincible envie de
savoir qui lui mordait le coeur depuis la veille:
--Dis donc, j'ai cru me rappeler qu'il y avait autrefois, a Paris, un
petit portrait de Marechal dans notre salon.
Elle hesita une seconde ou deux; ou du moins il se figura qu'elle
hesitait; puis elle dit:
--Mais oui.
--Et qu'est-ce qu'il est devenu, ce portrait? Elle aurait pu encore
repondre plus vite:
--Ce portrait ... attends ... je ne sais pas trop ... Peut-etre que je
l'ai dans mon secretaire.
--Tu serais bien aimable de le retrouver.
--Oui, je chercherai. Pourquoi le veux-tu?
--Oh! ce n'est pas pour moi. J'ai songe qu'il serait tout naturel de le
donner a Jean, et que cela ferait plaisir a mon frere.
--Oui, tu as raison, c'est une bonne pensee. Je vais le chercher des que
je serai levee.
Et il sortit.
C'etait u
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