Ses deux compagnons le suivirent.
Alors il arriva devant une porte charretiere a claire-voie situee
trente pas plus loin, et, levant un loquet de bois, seule cloture
de cette porte, il poussa l'un des battants.
Alors il entra le premier, tira son cheval par la bride, dans une
petite cour entouree de fumier, dont la bonne odeur decelait une
etable toute voisine.
-- Il sent bon, dit bruyamment Porthos en mettant a son tour pied
a terre, et je me croirais, en verite dans mes vacheries de
Pierrefonds.
-- Je n'ai qu'une vache, se hata de dire modestement Planchet.
-- Et moi, j'en ai trente, dit Porthos, ou plutot je ne sais pas
le nombre de mes vaches.
Les deux cavaliers etaient entres, Planchet referma la porte
derriere eux.
Pendant ce temps, d'Artagnan, qui avait mis pied a terre avec sa
legerete habituelle, humait le bon air, et, joyeux comme un
Parisien qui voit de la verdure, il arrachait un brin de
chevrefeuille d'une main, une eglantine de l'autre.
Porthos avait mis ses mains sur des pois qui montaient le long des
perches et mangeait ou plutot broutait cosses et fruits.
Planchet s'occupa aussitot de reveiller, dans ses appentis, une
maniere de paysan, vieux et casse, qui couchait sur des mousses
couvertes d'une souquenille.
Ce paysan, reconnaissant Planchet, l'appela _notre maitre_, a la
grande satisfaction de l'epicier.
-- Mettez les chevaux au ratelier, mon vieux, et bonne pitance,
dit Planchet.
-- Oh! oui-da! les belles betes, dit le paysan; oh! il faut
qu'elles en crevent!
-- Doucement, doucement, l'ami, dit d'Artagnan; peste! comme nous
y allons: l'avoine et la botte de paille, rien de plus.
-- Et de l'eau blanche pour ma monture a moi, dit Porthos, car
elle a bien chaud, ce me semble.
-- Oh! ne craignez rien, messieurs, repondit Planchet, le pere
Celestin est un vieux gendarme d'Ivry. Il connait l'ecurie; venez
a la maison, venez.
Il attira les deux amis par une allee fort couverte qui traversait
un potager, puis une petite luzerne, et qui, enfin, aboutissait a
un petit jardin derriere lequel s'elevait la maison, dont on avait
deja vu la principale facade du cote de la rue.
A mesure que l'on approchait, on pouvait distinguer, par deux
fenetres ouvertes au rez-de-chaussee et qui donnaient acces a la
chambre, l'interieur, le _penetral_ de Planchet.
Cette chambre, doucement eclairee par une lampe placee sur la
table, apparaissait au fond du jardin comme une riante imag
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