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ue chose d'insolite vers l'ouverture de la grotte.
-- Je crois que ces gredins-la nous enfument, dit Montbar.
-- J'en ai peur, repondit Adler.
-- Ils croient avoir affaire a des renards.
-- Oh! repondit la meme voix, ils verront bien a nos griffes que
nous sommes des lions.
La fumee devenait de plus en plus epaisse, la lueur de plus en
plus vive.
On arriva au dernier angle.
Un amas de bois sec avait ete allume dans l'interieur de la
carriere, a une cinquantaine de pas de son ouverture, non pas pour
enfumer, mais pour eclairer.
A la lumiere repandue par le foyer incandescent, on voyait reluire
a l'entree de la grotte les armes des dragons.
A dix pas en avant d'eux, un officier attendait, appuye sur sa
carabine, non seulement expose a tous les coups, mais semblant les
provoquer.
C'etait Roland.
Il etait facile a reconnaitre: il avait jete loin de lui son
chapeau, sa tete etait nue, et la reverberation de la flamme se
jouait sur son visage.
Mais ce qui eut du le perdre le sauvait.
Montbar le reconnut et fit un pas en arriere.
-- Roland de Montrevel! dit-il; rappelez-vous la recommandation de
Morgan.
-- C'est bien, repondirent les compagnons d'une voix sourde.
-- Et maintenant, cria Montbar, mourons, mais tuons!
Et il s'elanca le premier dans l'espace eclaire par la flamme du
foyer, dechargea un des canons de son fusil a deux coups sur les
dragons qui repondirent par une decharge generale.
Il serait impossible de raconter ce qui se passa alors: la grotte
s'emplit d'une fumee au sein de laquelle chaque coup de feu
brillait comme un eclair; les deux troupes se joignirent et
s'attaquerent corps a corps: ce fut le tour des pistolets et des
poignards. Au bruit de la lutte, la gendarmerie accourut; mais il
lui fut impossible de faire feu, tant etaient confondus amis et
ennemis.
Seulement, quelques demons de plus semblerent se meler a cette
lutte de demons.
On voyait des groupes confus luttant au milieu de cette atmosphere
rouge et fumeuse, s'abaissant, se relevant, s'affaissant encore;
on entendait un hurlement de rage ou un cri d'agonie: c'etait le
dernier soupir d'un homme.
Le survivant cherchait un nouvel adversaire, commencait une
nouvelle lutte.
Cet egorgement dura un quart d'heure, vingt minutes peut-etre.
Au bout de ces vingt minutes, on pouvait compter dans la grotte de
Ceyzeriat vingt-deux cadavres.
Treize appartenaient aux dragons et aux gendarmes, neuf aux
com
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