galopait sur la route d'Ivree dans une
voiture de poste; il devait voyager ainsi jusqu'a Aoste; a Aoste
prendre un mulet, traverser le Saint-Bernard, descendre a
Martigny, et, par Geneve, gagner Bourg, et, de Bourg, Paris.
Pendant que Roland galope, voyons ce qui s'etait passe en France,
et eclaircissons les points qui peuvent etre restes obscurs pour
nos lecteurs dans la conversation que nous venons de rapporter
entre Bonaparte et son aide de camp.
Les prisonniers faits par Roland dans la grotte de Ceyzeriat
n'avaient passe qu'une nuit seulement dans la prison de Bourg, et
avaient ete immediatement transferes dans celle de Besancon, ou
ils devaient comparaitre devant un conseil de guerre.
On se rappelle que deux de ces prisonniers avaient ete si
grievement blesses, qu'on avait ete oblige de les transporter sur
des brancards; l'un etait mort le meme soir, l'autre trois jours
apres son arrivee a Besancon.
Le nombre des prisonniers etait donc reduit a quatre: Morgan, qui
s'etait rendu volontairement et qui etait sain et sauf, et
Montbar, Adler et d'Assas, qui avaient ete plus ou moins blesses
pendant le combat, mais dont aucun n'avait recu de blessures
dangereuses.
Ces quatre pseudonymes cachaient, on se le rappellera, les noms du
baron de Sainte-Hermine, du comte de Jahiat, du vicomte de
Valensolle et du marquis de Ribier.
Pendant que l'on instruisait, devant la commission militaire de
Besancon, le proces des quatre prisonniers, arriva l'expiration de
la loi qui soumettait aux tribunaux militaires les delits
d'arrestation de diligences sur les grands chemins.
Les prisonniers se trouvaient des lors passibles des tribunaux
civils.
C'etait une grande difference pour eux, non point relativement a
la peine, mais quant au mode d'execution de la peine.
Condamnes par les tribunaux militaires, ils etaient fusilles;
condamnes par les tribunaux civils, ils etaient guillotines.
La fusillade n'etait point infamante, la guillotine l'etait.
Du moment ou ils devaient etre juges par un jury, leur proces
relevait du jury de Bourg.
Vers la fin de mars, les accuses avaient donc ete transferes des
prisons de Besancon dans celle de Bourg, et l'instruction avait
commence.
Mais les quatre accuses avaient adopte un systeme qui ne laissait
pas que d'embarrasser le juge d'instruction.
Ils declarerent s'appeler le baron de Sainte-Hermine, le comte de
Jahiat, le vicomte de Valensolle et le marquis de Rihier, mais
n
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