on etait heureusement arrive a
Londres, Louis XVIII lui ecrivait:
"J'ai appris avec la plus vive satisfaction, general, que vous
etes enfin echappe aux mains du tyran, qui vous a meconnu au point
de vous proposer de le servir; j'ai gemi des malheureuses
circonstances qui vous ont force de traiter avec lui; mais je n'ai
jamais concu la plus legere inquietude: le coeur de mes fideles
Bretons et le votre en particulier me sont trop bien connus.
Aujourd'hui, vous etes libre, vous etes aupres de mon frere: tout
mon espoir renait: je n'ai pas besoin d'en dire davantage a un
Francais tel que vous.
"Louis"
A cette lettre etaient joints le brevet de lieutenant-general et
le grand cordon de Saint-Louis.
LI -- L'ARMEE DE RESERVE
Le premier consul en etait arrive au point qu'il desirait: les
compagnons de Jehu etaient detruits, la Vendee etait pacifiee.
Tout en demandant la paix a l'Angleterre, il avait espere la
guerre; il comprenait tres bien que, ne de la guerre, il ne
pouvait grandir que par la guerre; il semblait deviner qu'un jour
un poete l'appellerait _le geant des batailles._
Mais cette guerre, comment la ferait-il?
Un article de la constitution de l'an VIII s'opposait a ce que le
premier consul commandat les armees en personne et quittat la
France.
Il y a toujours dans les constitutions un article absurde; bien
heureuses les constitutions ou il n'y en a qu'un!
Le premier consul trouva un moyen.
Il etablit un camp a Dijon; l'armee qui devait occuper ce camp
prendrait le nom d'armee de reserve.
Le noyau de cette armee fut forme par ce que l'on put tirer de la
Vendee et de la Bretagne, trente mille hommes a peu pres. Vingt
mille conscrits y furent incorpores. Le general Berthier en fut
nomme commandant en chef.
Le plan qu'avait, un jour, dans son cabinet du Luxembourg,
explique Bonaparte a Roland, etait reste le meme dans son esprit.
Il comptait reconquerir l'Italie par une seule bataille; cette
bataille devait etre une grande victoire.
Moreau, en recompense de sa cooperation au 18 brumaire, avait
obtenu ce commandement militaire qu'il desirait: il etait general
en chef de l'armee du Rhin, et avait quatre-vingt mille hommes
sous ses ordres.
Augereau commandait l'armee gallo-batave, forte de vingt-cinq
mille hommes.
Enfin, Massena commandait l'armee d'Italie, refugiee dans le pays
de Genes, et soutenait avec acharnement le siege de la capitale de
ce pays, bloquee du cote de la terr
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