jours apres, a force de prieres, les avocats obtinrent que
les accuses se pourvussent en cassation.
Mais ils ne purent obtenir qu'ils se pourvussent en grace.
LIII -- OU AMELIE TIENT SA PAROLE
Le verdict rendu par le jury de la ville de Bourg avait produit un
effet terrible, non seulement dans l'audience, mais encore dans
toute la ville.
Il y avait parmi les quatre accuses un tel accord de fraternite
chevaleresque, une telle elegance de manieres, une telle
conviction dans la foi qu'ils professaient, que leurs ennemis eux-
memes admiraient cet etrange devouement qui avait fait des voleurs
de grand chemin de gentilshommes de naissance et de nom.
Madame de Montrevel, desesperee de la part qu'elle venait de
prendre au proces et du role qu'elle avait bien involontairement
joue dans ce drame au denouement mortel, n'avait vu qu'un moyen de
reparer le mal qu'elle avait fait: c'etait de repartir a l'instant
meme pour Paris, de se jeter aux pieds du premier consul et de lui
demander la grace des quatre condamnes.
Elle ne prit pas meme le temps d'aller embrasser Amelie au chateau
des Noires-Fontaines; elle savait que le depart de Bonaparte etait
fixe aux premiers jours de mai, et l'on etait au 6.
Lorsqu'elle avait quitte Paris, tous les apprets du depart etaient
faits.
Elle ecrivit un mot a sa fille, lui expliqua par quelle fatale
suggestion elle venait, en essayant de sauver un des quatre
accuses, de les faire condamner tous les quatre.
Puis, comme si elle eut eu honte d'avoir manque a la promesse
qu'elle avait faite a Amelie, et surtout qu'elle s'etait faite a
elle-meme, elle envoya chercher des chevaux frais a la poste,
remonta en voiture et repartit pour Paris.
Elle y arriva le 8 mai au matin.
Bonaparte en etait parti le 6 au soir.
Il avait dit, en partant, qu'il n'allait qu'a Dijon, peut-etre a
Geneve, mais qu'en tout cas il ne serait pas plus de trois
semaines absent.
Le pourvoi des condamnes, fut-il rejete, devait prendre au moins
cinq ou six semaines.
Tout espoir n'etait donc pas perdu.
Mais il le fut, lorsqu'on apprit que la revue de Dijon n'etait
qu'un pretexte, que le voyage a Geneve n'avait jamais ete serieux,
et que Bonaparte, au lieu d'aller en Suisse, allait en Italie.
Alors, madame de Montrevel, ne voulant pas s'adresser a son fils,
quand elle savait le serment qu'il avait fait au moment ou lord
Tanlay avait ete assassine, et la part qu'il avait prise a
l'arrestation des co
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