ent son cours; le sang battait dans ses
arteres. Bientot il rouvrit les yeux et laissa errer autour de lui un
regard plus ferme de minute eh minute.
La premiere chose qui sollicita ce regard encore vague, ce fut l'un des
coffres, qu'Ilia Brusch, dans la precipitation de son depart, avait
oublie de refermer. Bouleverse par la recherche infructueuse du pecheur,
l'interieur de ce coffre n'offrait a la vue qu'un amas d'objets
heteroclites. Linge rude, grossiers vetements, fortes chaussures y
etaient entasses dans le plus grand desordre.
Pourquoi les yeux de Karl Dragoch se mirent-ils a briller tout a coup?
Ce spectacle, pourtant peu passionnant, l'interessait-il donc a ce point
qu'il se soulevat sur le coude, apres quelques secondes d'attention, de
maniere a voir plus commodement dans le coffre beant?
Certes, ce n'etaient ni les vetements, ni le linge qui pouvaient exciter
ainsi la curiosite de l'indiscret passager, mais, entre ces divers
objets d'habillement, l'oeil fureteur du detective venait de decouvrir
un objet plus digne de retenir son attention.
Ce n'etait pas autre chose qu'un portefeuille a demi entr'ouvert,
et laissant fuir les nombreux papiers dont il etait bourre. Un
portefeuille! Des papiers! C'est-a-dire une reponse, sans doute, aux
questions que Karl Dragoch se posait depuis quelques jours.
Le detective n'y put tenir. Apres une courte hesitation, au risque de
trahir, ce faisant, les lois de l'hospitalite, sa main s'allongea
et plongea dans le coffre, d'ou elle ressortit avec le portefeuille
tentateur et son contenu, dont l'inventaire fut aussitot commence.
Des lettres, d'abord, que Karl Dragoch ne s'attarda pas a lire, mais que
leur suscription montrait adressees a M. Ilia Brusch a Szalka; puis des
recus, parmi lesquels des quittances de loyer libellees au meme nom.
Rien d'interessant dans tout cela.
Karl Dragoch allait peut-etre y renoncer, quand un dernier document le
fit tressaillir. Rien ne pouvait etre plus innocent cependant, et il
fallait etre un policier pour eprouver, devant un tel "document", un
autre sentiment qu'une sympathique emotion.
C'etait un portrait, le portrait d'une jeune femme dont la parfaite
beaute eut enthousiasme un peintre. Mais un policier n'est pas un
artiste, et ce n'est pas d'admiration pour ce ravissant visage que
battait le coeur de Karl Dragoch. A peine meme s'il en avait regarde
les traits. A vrai dire, il n'avait rien vu de ce portrait, rien
qu'une simple
|