chef de la bande.
--Ecoute.
Tous tendirent l'oreille. Le bruit d'une troupe en marche se faisait
entendre sur la route. A ce bruit, bientot quelques voix assourdies se
joignirent. La distance ne devait pas etre superieure a une centaine de
toises.
--Restons dans la clairiere, commanda le chef. Ces gens-la passeront
sans nous voir."
Assurement, etant donnee l'obscurite profonde, ils ne seraient pas
apercus, mais il y avait ceci de grave: si, par mauvaise chance, c'etait
une escouade de police qui suivait cette route, c'est qu'elle se
dirigeait vers le fleuve. Certes, il pouvait se faire qu'elle ne
decouvrit pas le bateau, et, d'ailleurs, les precautions etaient
prises. Ces agents auraient beau le visiter de fond en comble, ils n'y
trouveraient rien de suspect. Mais, meme en admettant que cette escouade
ne soupconnat pas l'existence du chaland, peut-etre resterait-elle en
embuscade dans les environs, et, dans ce cas, il eut ete tres imprudent
de faire sortir la charrette.
Enfin, on tiendrait compte des circonstances, et on agirait selon les
evenements. Apres avoir attendu dans cette clairiere toute la journee
suivante, s'il le fallait, quelques-uns des hommes descendraient, a la
nuit, jusqu'au Danube, et s'assureraient de l'absence de toute force de
police.
Pour l'instant, l'essentiel etait de ne pas etre depistes, et que rien
ne donnat l'eveil a cette troupe qui s'approchait.
Celle-ci ne tarda pas a atteindre le point ou la route longeait la
clairiere. Malgre la nuit noire, on reconnut qu'elle se composait d'une
dizaine d'hommes, et de significatifs cliquetis d'acier indiquaient des
hommes armes.
Deja, elle avait depasse la clairiere, lorsqu'un incident vint modifier
les choses du tout au tout.
Un des deux chevaux, effraye par ce passage d'hommes sur la route,
s'ebroua et poussa un long hennissement qui fut repete par son
congenere.
La troupe en marche s'arreta sur place.
C'etait bien une escouade de police qui descendait vers le fleuve, sous
le commandement de Karl Dragoch completement remis des suites de son
accident de la matinee.
Si les gens de la clairiere avaient connu ce detail, peut-etre leur
inquietude en eut-elle ete augmentee. Mais, ainsi qu'on l'a vu, leur
chef croyait hors de combat le policier redoute. Pourquoi il commettait
cette erreur, pourquoi il estimait ne plus avoir a compter avec un
adversaire qu'il avait precisement en face de lui, c'est ce que la suite
du recit ne ta
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