ce, unie a l'Espagne et a la Hollande,
avait a lutter avec l'Angleterre et l'Autriche. Les sentimens de la
cour d'Espagne n'etaient pas et ne pouvaient pas etre favorables aux
republicains francais; mais sa politique, dirigee par le prince de la
Paix, etait entierement pour eux. Elle regardait leur alliance comme le
moyen le plus sur d'etre protegee contre leurs principes, et pensait
avec raison qu'ils ne voudraient pas la revolutionner, tant qu'ils
trouveraient en elle un puissant auxiliaire maritime. D'ailleurs, elle
avait une vieille haine contre l'Angleterre, et se flattait que l'union
de toutes les marines du continent lui fournirait un moyen de venger ses
injures. Le prince de la Paix, voyant son existence attachee a cette
politique, et sentant qu'il perirait avec elle, employait a la faire
triompher des sentimens de la famille royale, toute son influence sur la
reine; il y reussissait parfaitement. Il resultait toutefois de cet
etat de choses que les Francais etaient individuellement maltraites
en Espagne, tandis que leur gouvernement y obtenait la plus grande
deference a ses volontes. Malheureusement la legation francaise ne
s'y conduisit ni avec les egards dus a une puissance amie, ni avec la
fermete necessaire pour proteger les sujets francais. L'Espagne, en
s'unissant a la France, avait perdu l'importante colonie de la Trinite.
Elle esperait que si la France se delivrait cette annee de l'Autriche,
et reportait toutes ses forces contre l'Angleterre, on ferait expier
a celle-ci tous ses avantages. La reine se flattait surtout d'un
agrandissement en Italie pour son gendre, le duc de Parme. Il etait
question encore d'une entreprise contre le Portugal; et, dans ce vaste
bouleversement des etats, la cour de Madrid n'etait pas sans quelque
esperance de reunir toute la peninsule sous la meme domination.
Quant a la Hollande, sa situation etait assez triste. Elle etait agitee
par toutes les passions que provoque un changement de constitution.
Les gens raisonnables, qui voulaient un gouvernement dans lequel on
conciliat l'ancien systeme federatif avec l'unite necessaire pour donner
de la force a la republique batave, avaient a combattre trois partis
egalement dangereux. D'abord les orangistes, comprenant toutes les
creatures du stathouder, les gens vivant d'emplois, et la populace;
secondement les federalistes, comprenant toutes les familles riches
et puissantes qui voulaient conserver l'ancien etat de choses, au
stath
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