l s'en etait ensuivi de
l'humeur entre les deux pays. Le directoire reprochait au gouvernement
hollandais de ne pas tenir ses engagemens, et le gouvernement hollandais
reprochait au directoire de le mettre dans l'impossibilite de les
remplir. Malgre ces nuages, les deux puissances marchaient cependant
au meme but. Une escadre et une armee d'embarquement se preparaient en
Hollande, pour concourir aux projets du directoire.
Quant a la Prusse, a une grande partie de l'Allemagne, au Danemark, a la
Suede et a la Suisse, la France etait toujours avec ces etats dans les
rapports d'une exacte neutralite. Des nuages s'etaient eleves entre la
France et l'Amerique. Les Etats-Unis se conduisaient a notre egard avec
autant d'injustice que d'ingratitude. Le vieux Washington s'etait laisse
entrainer dans le parti de John Adams et des Anglais, qui voulaient
ramener l'Amerique a l'etat aristocratique et monarchique. Les torts de
quelques corsaires et la conduite des agens du comite de salut public
leur servaient de pretexte; pretexte bien peu fonde, car les torts des
Anglais envers la marine americaine etaient bien autrement graves; et
la conduite de nos agents s'etait ressentie du temps et devait etre
excusee. Les fauteurs du parti anglais repandaient que la France voulait
se faire ceder par l'Espagne les Florides et la Louisiane; qu'au moyen
de ces provinces et du Canada, elle entourerait les Etats-Unis, y
semerait les principes democratiques, detacherait successivement tous
les Etats de l'Union, dissoudrait ainsi la federation americaine, et
composerait une vaste democratie entre le golfe du Mexique et les cinq
lacs. Il n'en etait rien; mais ces mensonges servaient a echauffer les
tetes et a faire des ennemis a la France. Un traite de commerce venait
d'etre conclu par les Americains avec l'Angleterre; il renfermait des
stipulations qui transportaient a cette puissance des avantages reserves
autrefois a la France seule, et dus aux services qu'elle avait rendus a
la cause americaine. L'avis d'une rupture avec les Etats-Unis avait des
partisans dans le gouvernement francais. Monroe, qui etait ambassadeur a
Paris, donnait a cet egard les plus sages avis au directoire. "La guerre
avec la France, disait-il, forcera le gouvernement americain a se
jeter dans les bras de l'Angleterre, et le livrera a son influence;
l'aristocratie dominera aux Etats-Unis, et la liberte sera compromise.
En souffrant patiemment, au contraire, les torts du presid
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