-Rassurez-vous, mesdames; le temps est magnifique, le sommet
tres-clair, et personne n'est inquiet de l'expedition. Tout fait croire
aux gens du pays qu'elle ne sera pas dangereuse.
--Je vous remercie pour votre bon augure, repondit cette personne a la
figure ouverte et a la voix douce; madame de Valvedre et moi, sa
belle-soeur, nous vous en savons gre.
Mademoiselle de Valvedre m'adressa ce doux remerciement en passant
devant moi pour suivre sa belle-soeur, qui s'etait deja remise en
marche. Je suivis des yeux le plus longtemps possible la surprenante
apparition. Madame de Valvedre se retourna, et, dans ce mouvement, je
vis son visage tout entier. C'etait donc la cette femme qui avait tant
pique ma curiosite, grace aux reticences dedaigneuses d'Obernay! Elle ne
me plaisait point. Elle me paraissait maigre et coloree, deux choses qui
jurent ensemble. Son regard etait dur et sa voix aussi, ses manieres
brusques et nerveuses. Ce n'etait pas la un type que j'eusse jamais
reve; mais comme, en revanche, mademoiselle de Valvedre me semblait
douce et d'une grace sympathique! D'ou vient qu'Obernay ne m'avait point
dit que son ami eut une soeur? L'ignorait-il? ou bien etait-il amoureux
d'elle et jaloux de son secret au point de ne vouloir pas seulement
laisser deviner l'existence de la personne aimee?
Je doublai le pas, et j'arrivai au hameau peu d'instants apres les
voyageuses. Madame de Valvedre etait deja devenue invisible; mais sa
belle-soeur errait encore par les escaliers, s'enquerant de toutes
choses relatives a l'excursion de son frere. Des qu'elle me vit, elle me
questionna d'un air de confiance en me demandant si je ne connaissais
pas Henri Obernay.
--Oui, sans doute, repondis-je, il est mon meilleur ami.
--Oh! alors, reprit-elle avec abandon, vous etes Francis Valigny, de
Bruxelles, et sans doute vous me connaissez deja, moi? Il a du vous dire
que j'etais sa fiancee?
--Il ne me l'a pas dit encore, repondis-je un peu trouble d'une si
brusque revelation.
--C'est qu'il attendait ma permission, apparemment. Eh bien, vous lui
direz que je l'autorise a vous parler de moi, pourvu qu'il vous dise de
moi autant de bien qu'il m'en a dit de vous; mais vous, monsieur
Valigny, parlez-moi de mon frere et de lui!... Est-ce bien vrai qu'ils
ne sont pas en danger?
Je lui appris qu'Obernay n'avait suivi M. de Valvedre que pendant une
nuit, et qu'il allait rentrer.
--Mais, ajoutai-je, devez-vous etre inquiete a ce poi
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