a cause d'un geste obscur qui se leve en leur ame,
et toujours penches sur le nuage qu'a souleve en eux quelque grande idee
tombee de Dieu.
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Que dites-vous? qu'il avait mal vu? N'importe! C'est cette vision,
inexacte peut-etre, qu'il s'attriste de ne pouvoir vivre. Sous les
feuillages un peu bruissants, se coucher, rever, ne pas prevoir, ne plus
connaitre personne, et cependant que soit machine avec precision le
decor de la vie: manger, dormir, avoir chaud et regarder sous des arbres
des eaux courantes.
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Au soir, nourriture et besogne accomplies, le long des rues
poussiereuses ou le jour trop sali devient noir, parmi la foule
gesticulante et qui cagne, vers son appartement quelconque il serpenta.
Sur les horribles boulevards, comme il flairait, pour leur echapper, les
bruyants et les ressasseurs, il apercut, pareille a sa marche, la fuite
grele d'un avec qui volontiers, des nuits entieres, il avait theorise.
Celui-la tient toute affirmation pour le propre des pedants et n'en use
que pour des effets de pittoresque. Il est incapable de convenu et,
quand il est soi, ne trouve jamais ridicules les choses sinceres.
Il l'abordait d'un premier elan, plein d'une delectation febrile a
l'idee que, dans un coin, tout bas, l'un et l'autre, ils allaient
longuement et pour rien:
1.--Insulter la societe, les hommes et surtout les idees.
2.--Se rouler soi-meme et leur sotte existence dans la boue.
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Pourquoi celui-ci lui dit-il, avec une chaleur feinte et un air presse,
d'une voix humble ou vibrait une nuance amere: "Ah! vous voila un grand
homme, maintenant ... mais si ... mais si ..." Et le ton de cette phrase
etait difficile a rendre. Pourquoi celui-ci se tournait-il contre lui?
Pourquoi ne pouvaient-ils plus s'entendre? Il n'eut pas la force de
paraitre indifferent. Mais il s'abandonnait, car son coeur, et jusque la
salive de sa bouche etaient malades, son avenir degoutant et son passe
plein d'humiliation.
* * * * *
Harasse, affaibli de sueurs, il monte l'escalier presque en courant. Il
ferme les persiennes, allume sa lampe et rapidement jette dans un coin
ses vetements pour enfiler un large pantalon, un veston de velours, puis
rentre dans son cabinet, dans son fauteuil, dans l'atmosphere familiere:
--Enfin, dit-il, je vais m'embeter a mon saoul, tranquille
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