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a un petit trot raisonnable, comme un homme sur d'avoir depiste l'importun suiveur, puis il se mit en selle a son tour. Cette fois, il eut bien soin de garder une distance suffisante pour ne pas etre vu. On traversa Doullens, on gagna Saint-Pol, puis Saint-Omer. Le cavalier passa la nuit dans cette derniere ville, et Pardaillan ne trouva rien de mieux que de se loger dans la meme hotellerie en prenant les precautions necessaires pour ne pas etre vu. Mais. le lendemain matin, comme il reprenait sa poursuite, il dut sans doute commettre quelque imprudence et se laisser voir, car le cavalier, au lieu de filer droit au nord, bifurqua brusquement sur Calais en cherchant a tirer au large. Pardaillan etait resolu a l'aborder coute que coute. Il avait, pendant tout ce voyage, inutilement cherche un moyen de se faire remettre la lettre... Il la lui fallait pourtant!... Vers midi, on fut en vue de Calais. Pardaillan cherchait a rattraper l'homme qui, laissant la ville sur sa gauche, se mit a galoper sur la route qui suivait la cote d'ailleurs toute droite. Il gagnait du terrain, et se rapprochait de plus en plus du messager. Tout a coup, celui-ci s'arreta net et, faisant volte-face, le pistolet au poing, attendit de pied ferme, ce que voyant, le chevalier se mit au trot, puis au pas, et enfin, arrivant a quelques pas du messager, s'arreta de son cote, ota son chapeau, et se mit a sourire de son air le plus engageant. Le messager de Fausta demeura stupefait. Il etait impossible d'accueillir a coups de feu un homme qui se presentait avec une telle politesse, et qui, devant le canon du pistolet braque sur lui a cinq pas, souriait si candidement et sans esquisser le moindre geste de defense. Le messager salua donc a son tour avec courtoisie et remit son pistolet dans l'une des fontes de sa selle. --Monsieur, dit-il, on m'appelle Luigi Cappello, comte toscan. Et vous? --Moi, monsieur, je me nomme Jean de Margency, comte francais. --Serait-il indiscret, demanda le comte italien au bout de quelques instants qu'il employa a examiner son compagnon, serait-il indiscret de vous demander d'ou vous venez? --Mon Dieu, non! fit Pardaillan. Je viens tout bonnement de Paris, et plus specialement de l'ile de la Cite... A ces mots, Luigi Cappello eut un tressaillement, et, regardant son compagnon avec fixite, esquissa dans l'air un signe avec sa main. Pardaillan sourit. --Monsieur le comte, dit-il, je ne repondrai pas au
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