d a Catherine de Medicis qui fit un signe
imperceptible.
--Non, reprit-il alors, non, mon brave Crillon. Je ne veux pas vous
exposer, precieux que vous etes a ma couronne. Allez, Crillon, je vous
donne conge.
Le vieux capitaine s'inclina et sortit. Alors, Henri III se tourna vers
Biron:
--Et vous, Biron, que me conseillez-vous?
--Votre Majeste est-elle parfaitement sure des mechants desseins de M.
de Guise? dit le marechal.
--Aussi sur que vous l'etes vous-meme. Car tous, autant que vous etes
ici, vous savez mieux que moi qu'un serment sur les autels n'est pas
fait pour arreter le duc de Guise...
--Eh bien, c'est vrai, Majeste. Et je n'ai pas ete le dernier a vous
conseiller de vous mettre en garde. Je dis donc que je suis de l'avis de
Crillon: que le duc soit juge et qu'il soit tire un terrible chatiment
de sa felonie...
--Et qui le jugera? fit amerement le roi.
--Le Parlement de Paris.
--Paris se levera en masse pour le delivrer, dit Catherine de Medicis;
on mettra le feu au Palais de Justice, on demolira le Louvre pour en
faire des barricades, on nous pillera et nous tuera tous, marechal,
depuis le roi jusqu'au dernier de nos soldats...
Biron baissa la tete, tandis qu'un fremissement parcourait les autres
membres de cet etrange et terrible conseil prive.
--Merci, Biron merci, dit le roi affectueusement. Je comprends vos
scrupules, puisque je les ai eus. Mais l'heure des scrupules est passee.
Veuillez donc vous retirer.
--Sire, dit Biron, je me retire, mais pour ne pas m'eloigner. A partir
de cette minute, je ne quitte plus votre antichambre; la nuit, je
dormirai en travers de la porte; homme ou diable, il faudra me passer
sur le ventre pour arriver a Votre Majeste...
Apres Biron, d'Aumont, interroge a son tour, fit des reponses
semblables, et se retira egalement. Puis ce fut Matignon qui sortit.
Il est a noter que Henri III avait une confiance illimitee dans ces
quatre hommes, et que cette confiance etait pleinement justifiee. S'il y
avait bataille ou bagarre, on pouvait compter sur eux jusqu'a la mort.
Ils n'etaient pas pour le guet-apens, voila tout.
Apres le depart de Matignon, personne ne sortit: tous ceux qui restaient
etaient d'accord. En effet, le comte de Loignes ayant ete interroge a
son tour par le roi, repondit tranquillement:
--Sire, je ne m'eleverai pas contre les avis qui viennent d'etre donnes
a Votre Majeste. Ce sont de bons et fideles serviteurs que ceux qui
sort
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