erdaient par degres dans l'eloignement.
Le bruit de la grosse cloche du chateau (celle qu'on ne sonnait que pour
les visites extraordinaires) se fit tout a coup entendre, et le vieux
Hanz, le doyen des serviteurs de la maison, entra peu apres, tenant une
grande lettre qu'il presenta au comte Christian, sans dire une seule
parole. Puis il sortit pour attendre dans la salle voisine les ordres de
son maitre; Christian ouvrit la lettre, et, ayant jete les yeux sur la
signature, presenta ce papier a la jeune baronne en la priant de lui en
faire la lecture. Amelie, curieuse et empressee, s'approcha d'une
bougie, et lut tout haut ce qui suit:
"Illustre et bien-aime seigneur comte,"
"Votre excellence me fait l'honneur de me demander un service. C'est
m'en rendre un plus grand encore que tous ceux que j'ai recus d'elle, et
dont mon coeur cherit et conserve le souvenir. Malgre mon empressement a
executer ses ordres reveres, je n'esperais pas, cependant, trouver la
personne qu'elle me demande aussi promptement et aussi convenablement
que je desirais le faire. Mais des circonstances favorables venant a
coincider d'une maniere imprevue avec les desirs de votre seigneurie, je
m'empresse de lui envoyer une jeune personne qui remplit une partie des
conditions imposees. Elle ne les remplit cependant pas toutes. Aussi, je
ne l'envoie que provisoirement, et pour donner a votre illustre et
aimable niece le loisir d'attendre sans trop d'impatience un resultat
plus complet de mes recherches et de mes demarches."
"La personne qui aura l'honneur de vous remettre cette lettre est mon
eleve, et ma fille adoptive en quelque sorte; elle sera, ainsi que le
desire l'aimable baronne Amelie, a la fois une demoiselle de compagnie
obligeante, et gracieuse, et une institutrice savante dans la musique.
Elle n'a point, du reste, l'instruction que vous reclamez d'une
gouvernante. Elle parle facilement plusieurs langues; mais elle ne les
sait peut-etre pas assez correctement pour les enseigner. Elle possede a
fond la musique, et chante remarquablement bien. Vous serez satisfait de
son talent, de sa voix et de son maintien. Vous ne le serez pas moins de
la douceur et de la dignite de son caractere, et vos seigneuries
pourront l'admettre dans leur intimite sans crainte de lui voir jamais
commettre une inconvenance, ni donner la preuve d'un mauvais sentiment.
Elle desire etre libre dans la mesure de ses devoirs envers votre noble
famille, et ne point rec
|