la montagne; mais, tournant a gauche, il avait suivi la route qui
descend a Montreux.
Cette disparition avait provoque, bien entendu, de nombreux
commentaires.
--Comment! le colonel Chamberlain avait quitte l'hotel, et son valet de
chambre lui-meme n'avait pas ete averti de ce depart?
Mais, a cote des commentaires des indifferents et des curieux, s'etait
manifestee l'inquietude des interesses. Le prince Mazzazoli, Carmelita;
la comtesse Belmonte avaient a tour de role, interroge Horace en le
pressant de questions.
--Ou etait le colonel?
--Quand devait-il revenir?
A toutes ces questions Horace etait reste sans reponses, stupefait
lui-meme de ce depart, que rien ne faisait prevoir.
Et alors il etait entre dans des explications desquelles resultait la
presomption, pour ne pas dire la certitude, que le colonel etait, la
veille meme de son depart, decide a prolonger son sejour au Glion.
Alors il allait revenir d'un instant a l'autre.
C'etait ce que Carmelita s'etait dit, bien qu'elle ne put guere
s'expliquer ce brusque depart, alors qu'elle avait de si puissantes
raisons personnelles, pour croire qu'il allait rester pres d'elle.
C'etait donc une separation.
C'etait une fuite!
Mais Horace, comment restait-il a l'hotel?
Comme sa niece, le prince s'etait demande ce qui avait determine ce
brusque depart.
Mais il avait trop l'experience des choses de ce monde pour rester court
devant cette question.
Le colonel avait voulu echapper a un mariage avec Carmelita, et en
laissant Horace au Glion, le colonel avait voulu apprendre ce qui se
passerait apres son depart, et comment ce depart serait supporte.
Et si Horace paraissait stupefait de ce depart, s'il disait ne rien
savoir, il n'etait pas sincere. En realite, il savait parfaitement ou
son maitre etait, ce qui expliquait qu'il eut deploye si peu de zele a
le chercher dans les precipices de la montagne, et chaque jour, sans
doute, il lui ecrivait.
De sa retraite, le colonel suivait donc l'effet produit par sa fuite.
C'etait un homme logique que le prince Mazzazoli, et qui poussait les
raisonnements jusqu'au bout.
Arrive a cette conclusion, il ne s'arreta donc pas en chemin, et il se
dit que cette precaution, ce besoin de savoir, indiquait surement une
resolution indecise aussi bien qu'une conscience troublee.
S'il avait ete parfaitement decide a fuir Carmelita, le colonel ne se
serait point inquiete de ce qui arriverait apres son depart.
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