n apporta une autre. "J'en
aimerais mieux un bleu de ciel," dit Olivier; et quand Hantz eut apporte
la cravate bleu de ciel, Olivier les examina l'une apres l'autre d'un
air d'incertitude et de perplexite.
"S'il m'etait permis de donner mon avis, dit le valet de chambre
timidement...
--Vous n'y entendez rien, dit gravement Olivier; monsieur le comte, je
m'en rapporte a vous, qui etes un homme de gout: laquelle de ces deux
couleurs convient le mieux au ton de ma figure?
--Lady Mowbray, repondit le comte en souriant, ne peut souffrir ni le
bleu ni le rose.
--Donnez-moi une cravate noire, dit Olivier a son domestique."
La voiture du comte les attendait a la porte. Olivier y monta avec lui.
Ils etaient contraints tous deux, et cependant il n'y parut point.
Buondelmonte avait trop d'habitude du monde pour ne pas sembler ce qu'il
voulait etre! Olivier avait trop de resolution pour laisser voir
son inquietude. Il pensait que si lady Mowbray etait d'accord avec
Buondelmonte pour se moquer de lui, sa situation pouvait devenir
difficile; mais si Buondelmonte etait seul de son parti, il pouvait etre
agreable de le tourmenter un peu. En secret, leur premiere sympathie
avait fait place a une sorte d'aversion. Olivier ne pouvait pardonner au
comte de l'avoir laisse parler a tort et a travers sans se nommer; le
comte avait sur le coeur, non les etourderies qu'Olivier avait debitees
la veille, mais le peu de repentir ou de confusion qu'il en montrait.
Lady Mowbray habitait un palais magnifique; le comte mit quelque
affectation a y entrer comme chez lui, et a parler aux domestiques
comme s'ils eussent ete les siens. Olivier se tenait sur ses gardes
et observait les moindres mouvements de son guide. La piece ou ils
attendirent etait decoree avec un art et une richesse dont le comte
semblait orgueilleux, bien qu'il n'y eut coopere ni par son argent ni
par son gout. Cependant il fit les honneurs des tableaux de lady Mowbray
comme s'il avait ete son maitre de peinture, et semblait jouir de
l'emotion insurmontable avec laquelle Olivier attendait l'apparition de
lady Mowbray.
Metella Mowbray etait fille d'une Italienne et d'un Anglais; elle avait
les yeux noirs d'une Romaine et la blancheur rosee d'une Anglaise. Ce
que les lignes de sa beaute avaient d'antique et de severe etait adouci
par une expression sereine et tendre qui est particuliere aux visages
britanniques. C'etait l'assemblage des deux plus beaux types. Sa figure
a
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