alors, et qu'en me voyant vieillir
chaque jour vous serez bientot desabuse. Quant a moi, je vous dirai la
verite. J'ai essaye de partager tous vos sentiments; je l'ai resolu, je
vous l'ai presque promis. Je ne devais plus rien a Buondelmonte, et je
me devais a moi-meme de le laisser disposer de son avenir. J'ai quitte
Florence dans l'espoir de me guerir de ce cruel amour, et d'en ressentir
un plus jeune et plus enivrant avec vous. Eh bien! je ne vous dirai pas
aujourd'hui que ma raison repousse cette imprudente alliance entre deux
ages aussi differents que le votre et le mien. Je ne vous dirai pas non
plus que ma conscience me defend d'accepter un devouement dont vous
vous repentiriez bientot. Je ne sais pas a quel point j'ecouterais ma
conscience et ma raison, si l'amour etait une fois rentre dans mon
coeur. Je sais que je suis encore malheureusement bien jeune au moral;
mais voici ma veritable raison. Olivier n'en soyez pas offense, et
songez que vous me remercierez un jour de vous l'avoir dite, et que vous
m'estimerez de n'avoir pas agi comme une femme de mon age, blessee dans
ses plus cheres vanites, eut agi envers un jeune homme tel que vous.
Je suis femme, et j'avoue qu'au milieu de mon desespoir j'ai ressenti
vivement l'affront fait a mon sexe et a ma beaute passee. J'ai verse des
larmes de sang en voyant le triomphe de mes rivales, en essuyant les
railleries de celles qui sont jeunes aujourd'hui; et qui semblent
ignorer qu'elles passeront, que demain elles seront comme moi. Eh bien!
Olivier, je me suis debattue contre ce depit poignant; j'ai resiste
aux conseils de mon orgueil, qui m'engageait a recevoir vos soins
publiquement et a me parer de votre jeune amour comme d'un dernier
trophee: je ne l'ai pas fait, et j'en remercie Dieu et ma conscience. Je
vous dois aujourd'hui une derniere preuve de loyaute.
--Arretez, madame, dit Olivier; et ne m'otez pas tout espoir! Je sais ce
que vous avez a me dire: vous aimez encore le comte de Buondelmonte, et
vous voulez rester fidele a la memoire d'un bonheur qu'il a detruit.
Je vous en venere et vous en aime davantage; je respecterai ce noble
sentiment, et j'attendrai que le temps et Dieu vous parlent en ma
faveur. Si j'attends en vain, je ne regretterai pas de vous avoir
consacre mes soins et mon respect."
Lady Mowbray serra la main d'Olivier et l'appela son fils. Ils se
rendirent a Geneve; et Olivier tint ses promesses. Peut-etre ne
furent-elles pas tres-heroiques d'a
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