t de
votre joie ou de votre desespoir."
Metella ne s'attendait point a cette bizarre fureur. La malheureuse
femme se flatta d'etre encore aimee; elle attribua tout ce que le comte
lui avait dit d'abord a la colere. Elle se jeta dans ses bras, lui fit
mille serments, lui jura qu'elle ne reverrait jamais Olivier s'il le
desirait, et le supplia de lui pardonner un instant de vanite blessee.
Le comte s'apaisa sans joie, comme il s'etait emporte sans raison. Ce
qu'il craignait le plus au monde etait de prendre une resolution dans
l'etat de contradiction continuelle ou il etait vis-a-vis de lui-meme.
Il fit des excuses a lady Mowbray, s'accusa de tous les torts, la
conjura de ne pas lui retirer son affection et l'engagea a recevoir
Olivier, dans la crainte qu'il ne soupconnat ce qui s'etait passe a
cause de lui.
Le jour vint et termina enfin les orages d'une nuit d'insomnie, de
douleur et de colere. Ils se quitterent reconcilies en apparence, mais
tristes, decourages; incertains, et tellement accables de fatigue l'un
et l'autre, qu'ils comprenaient a peine leur situation.
Le comte dormit douze heures a la suite de cette rude emotion. Lady
Mowbray s'eveilla assez tot dans la journee; elle attendait Olivier
avec inquietude; elle ne savait comment lui expliquer ses paroles de la
veille et la conduite de M. de Buondelmonte.
Il vint et se conduisit avec assez d'adresse pour rendre Metella plus
expansive qu'elle ne l'avait resolu. Son secret lui echappa, et des
larmes couvrirent son visage en avouant tout ce qu'elle avait souffert
et tout ce qu'elle craignait d'avoir a souffrir encore.
Olivier s'attendrit a son tour, et, comme un excellent enfant qu'il
etait, il pleura avec lady Mowbray. Il est impossible, quand on
est malheureux par suite de l'injustice d'autrui, de n'etre pas
reconnaissant de l'interet et de l'affection qu'on rencontre ailleurs.
Il faudrait, pour s'en defendre, un stoicisme ou une defiance qu'on n'a
point dans ces moments-la. Metella fut touchee de la reserve delicate et
des larmes silencieuses du jeune Olivier. Elle avait compris vaguement
la veille qu'elle etait aimee de lui, et maintenant elle en etait sure.
Mais elle ne pouvait trouver dans cet amour qu'un faible allegement aux
douleurs du sien.
Plusieurs semaines se passerent dans cette incertitude. Le comte ne
pouvait rallumer son amour, sans cesse pret a s'eteindre, qu'au feu de
la jalousie. Des qu'il se trouvait seul avec sa maitresse, il r
|