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--Helas! il est donc temps que j'en mette, repondit-elle tristement. Je
me flattais de n'en jamais avoir besoin.
--C'est une folie, ma chere; est-ce que tout le monde n'en met pas? Les
plus jeunes femmes en ont.
--Vous haissez le fard, et vous me disiez souvent que vous preferiez ma
paleur a une fraicheur factice.
--Mais la derniere fois que vous etes sortie, on vous a trouvee bien
pale.... On ne va pas au bal uniquement pour son amant.
--J'y vais uniquement pour vous aujourd'hui, je vous jure.
--Ah! milady, c'est a mon tour de dire qu'il n'en fut pas toujours
ainsi! _Autrefois_ vous etiez un peu fiere de vos triomphes.
--J'en etais fiere a cause de vous, Luigi; a present qu'ils m'echappent
et que je vous vois souffrir, je voudrais me cacher. Je voudrais
eteindre le soleil et vivre avec vous dans les tenebres.
--Ah! vous etes en veine de poesie, milady. J'ai trouve tout a l'heure
votre Byron ouvert a cette belle page des tenebres; je ne m'etonne pas
de vous voir des idees sombres. Eh bien! le rouge vous sied a merveille.
Regardez-vous, vous etes superbe. Allons, Francesca, apportez les gants
et l'eventail de milady. Voici votre bouquet, Metella; c'est moi qui
l'ai apporte; c'est un droit que je ne veux pas perdre."
Metella prit le bouquet, regarda tendrement le comte avec un sourire sur
les levres et une larme dans les yeux. "Allons, venez, mon amie, lui
dit-il. Vous allez etre encore une fois la reine du bal."
Le bal etait somptueux; mais, par un de ces hasards facetieux qui se
rencontrent souvent dans le monde, il y avait une quantite exorbitante
de femmes laides et vieilles. Parmi les jeunes et les agreables, il y
en avait peu de vraiment jolies. Lady Mowbray eut donc un tres-grand
succes; et Olivier, qui ne s'attendait pas a la rencontrer, s'abandonna
a sa naive admiration. Des que le comte le vit aupres de lady Mowbray,
il s'eloigna, et des qu'il les vit s'eloigner l'un de l'autre, il prit
le bras d'Olivier, et, sous le premier pretexte venu, il le ramena
aupres de Metella. "Vous m'avez dit en route que vous aviez vu Goethe,
dit-il au voyageur; parlez donc de lui a milady. Elle est si avide
d'entendre parler du vieux Faust qu'elle voulait m'envoyer a Weimar
tout expres pour lui rapporter les dimensions exactes de son front.
Heureusement pour moi, le grand homme est mort au moment ou j'allais me
mettre en route." Buondelmonte tourna sur ses talons fort habilement en
achevant sa phrase, et lai
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