de sa niece, se rendit a sa
chambre, et, avant d'entrer, elle y jeta un coup d'oeil par la porte
entr'ouverte. Sarah ecrivait. Au leger bruit que fit Metella, elle
tressaillit et cacha precipitamment son papier, jeta sa plume et saisit
un livre; mais elle n'avait pas eu le temps de l'ouvrir que lady Mowbray
etait aupres d'elle. "Vous ecriviez, Sarah? lui dit-elle d'un ton grave
et doux cependant.
--Non, ma tante, repondit Sarah dans un trouble inexprimable.
--Ma chere fille, est-il possible que vous me fassiez un mensonge!"
Sarah baissa la tete et resta toute tremblante.
"Qu'est-ce que vous ecriviez, Sarah? continua lady Mowbray avec un calme
desesperant.
--J'ecrivais ... une lettre, repondit Sarah au comble de l'angoisse.
--A qui, ma chere? continua Metella.
--A Fanny Hurst, mon amie de couvent.
--Cela n'a rien de reprehensible, ma chere; pourquoi donc vous
cachez-vous?
--Je ne me cachais pas, ma tante, repondit Sarah en essayant de
reprendre courage. Mais sa confusion n'echappa point au regard severe de
lady Mowbray.
--Sarah, lui dit-elle, je n'ai jamais surveille votre correspondance.
J'avais une telle confiance en vous que j'aurais cru vous outrager en
vous demandant a voir vos lettres. Mais si j'avais pense qu'il put
exister un secret entre vous et moi, j'aurais regarde comme un devoir de
vous en demander l'aveu. Aujourd'hui, je vois que vous en avez un, et je
vous le demande.
--O ma tante! s'ecria Sarah eperdue.
--Sarah, si vous me refusiez, dit Metella avec beaucoup de douceur et en
meme temps de fermete, je croirais que vous avez dans le coeur quelque
sentiment coupable, et je n'insisterais pas, car rien n'est plus oppose
a mon caractere que la violence. Mais je sortirais de votre chambre le
coeur navre, car je me dirais que vous ne meritez plus mon estime et mon
affection.
--O ma chere tante, ma mere! ne dites pas cela!" s'ecria miss Mowbray en
se jetant tout en larmes aux pieds de Metella.
Metella craignit de se laisser attendrir; et, lui retirant sa main, elle
rassembla toutes ses forces pour lui dire froidement: "Eh bien! miss
Mowbray, refusez-vous de me remettre le papier que vous ecriviez?"
Sarah obeit, voulut parler, et tomba demi-evanouie sur son fauteuil.
Lady Mowbray resista au sentiment d'interet qui luttait chez elle contre
un sentiment tout contraire. Elle appela la femme de chambre de Sarah,
lui ordonna de la soigner, et courut s'enfermer chez elle pour lire la
l
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