dy Mowbray, qui s'etait fixee en Suisse, recut une lettre
datee de Paris; elle etait de la superieure d'un couvent de religieuses
ou Metella avait mis deux ou trois ans auparavant sa niece, miss Sarah
Mowbray, jeune orpheline _tres-interessante_, comme le sont toutes les
orphelines en general, et particulierement celles qui ont de la fortune.
La superieure avertissait lady Mowbray que la maladie de langueur dont
miss Sarah etait atteinte depuis un an faisait des progres assez serieux
pour que les medecins eussent prescrit le changement d'air et de lieu
dans le plus court delai possible. Aussitot apres la reception de cette
lettre, lady Mowbray demanda des chevaux de poste, fit faire a la hate
quelques paquets, et partit pour Paris dans la journee.
Olivier resta seul dans le grand chateau que lady Mowbray avait achete
sur le Leman, et dans lequel depuis cinq ans il passait aupres d'elle
tous les etes. C'etait depuis ces cinq annees la premiere fois qu'il se
trouvait seul a la campagne, force, pour ainsi dire, de reflechir et de
contempler sa situation. Bien que le voyage de lady Mowbray dut etre
d'une quinzaine de jours tout au plus, elle avait semble tres-affectee
de cette separation, et lui-meme n'avait point accepte sans repugnance
l'idee qu'un tiers allait venir se placer dans une intimite jusqu'alors
si paisible et si douce. Le caractere romanesque d'Olivier n'avait pas
change; son coeur avait le meme besoin d'affection, son esprit la meme
candeur qu'autrefois. Avait-il obei a la loi du temps, et son amour
pour lady Mowbray avait-il fait place a l'amitie? il n'en savait rien
lui-meme, et Metella n'avait jamais eu l'imprudence de l'interroger a
cet egard. Elle jouissait de son affection sans l'analyser. Trop sage
et trop juste pour n'en pas sentir le prix, elle s'appliquait a rendre
douce et legere cette chaine qu'Olivier portait avec reconnaissance et
avec joie.
Metella etait si superieure a toutes les autres femmes, sa societe etait
si aimable, son humeur si egale, elle etait si habile a ecarter de son
jeune ami tous les ennuis ordinaires de la vie, qu'Olivier s'etait
habitue a une existence facile, calme, delicieuse tous les jours,
quoique tous les jours semblable. Quand il fut seul, il s'ennuya
horriblement, engendra malgre lui des idees sombres, et s'effraya de
penser que lady Mowbray pouvait et devait mourir longtemps avant lui.
Metella retira sa niece du couvent et reprit avec elle la route de
Geneve. Ell
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