e cette situation. Elle avait resiste a cet avertissement,
et maintenant le bonheur de Sarah etait compromis plus encore que sa
reputation.
Elle la pressa dans ses bras en pleurant, et dans le premier instant de
sa compassion et de sa tendresse elle pensa a lui sacrifier son amour.
"Non, lui dit-elle, egaree par un sentiment de generosite exaltee,
Olivier n'a pas fait de serment; il est libre, il peut vous epouser;
qu'il vous aime, qu'il vous rende heureuse, et je vous benirai tous
deux. Ce ne sera pas moi qui m'opposerai a l'union de deux etres qui
sont ce que j'ai de plus cher au monde....
--Oh! je le crois bien, ma bonne tante! s'ecria Sarah en se jetant de
nouveau a son cou; mais c'est lui qui ne m'aime pas! Que faire a cela?
--Il ne vous a pas dit qu'il ne vous aimait pas? Est-ce qu'il vous l'a
dit, Sarah?
--Non, mais pourquoi se dit-il engage? Oh! peut-etre qu'il l'est en
effet. Il a quelque raison que vous ne connaissez pas! Il aime une
femme, il est marie en secret peut-etre.
--Je l'interrogerai, je saurai ce qu'il pense, repondit Metella; je
ferai pour vous, ma fille, tout ce qui dependra de moi. Si je ne puis
rien, ma tendresse vous restera.
--Oh! oui, ma mere! toujours, toujours!" s'ecria Sarah en se jetant a
ses pieds.
Apaisee par les promesses hasardees de sa tante, Sarah se retira plus
tranquille. Metella la mit au lit elle-meme, lui fit prendre une potion
calmante, et ne la quitta que quand elle eut cesse de soupirer dans
son sommeil, comme font les enfants qui s'endorment en pleurant et qui
sanglotent encore a demi en revant.
Lady Mowbray ne dormit pas; elle etait rassuree sur certains points,
mais a l'egard des autres elle etait en proie a mille agitations, et ne
voyait pas d'issue a la position delicate ou elle avait place la pauvre
Sarah. La pensee d'engager Olivier a l'epouser n'avait pu prendre de
consistance dans son esprit; vainement eut-elle sacrifie cette jalousie
de femme qu'elle combattait si genereusement depuis plus d'une annee. Il
y a dans la vie des rapports qui deviennent aussi sacres que si les lois
les eussent sanctionnes, et Olivier lui-meme n'eut pas pu oublier qu'il
avait regarde Sarah comme sa fille.
Incapable de se retirer elle-meme de cette perplexite, lady Mowbray
resolut d'attendre quelques jours pour prendre un parti; elle chercha
a se persuader que la passion de Sarah n'etait peut-etre pas aussi
serieuse que dans ses romanesques confidences la jeune fille
|