ient ouvertes. Metella les traversa lentement et
sans bruit, comme une ombre qui glisse le long des murs. Tout a coup
elle se trouva face a face avec Sarah, qui, les pieds nus et vetue d'un
peignoir de mousseline blanche, allait a sa rencontre; elles ne se
virent que quand elles traverserent l'une et l'autre un angle lumineux
des murs. Lady Mowbray surprise continua de s'avancer pour s'assurer que
c'etait Sarah; mais la jeune fille, voyant venir a elle cette grande
femme pale, trainant sur le pave de la galerie sa longue robe de chambre
en velours noir, fut saisie d'effroi. Cette figure morne et sombre
ressemblait si peu a celle qu'elle avait habitude de voir a sa tante,
qu'elle crut rencontrer un spectre et faillit tomber evanouie; mais elle
fut aussitot rassuree par la voix de lady Mowbray, qui etait pourtant
froide et severe.
"Que faites-vous ici a cette heure, Sarah, et ou allez-vous?
--Chez vous, ma tante, repondit Sarah sans hesiter.
--Venez, mon enfant," lui dit lady Mowbray en prenant son bras sous le
sien.
Elles regagnerent en silence l'appartement de Metella. Le calme, la
nuit et le chant joyeux des rossignols contrastaient avec la tristesse
profonde dont ces deux femmes etaient accablees.
Lady Mowbray ferma les portes et attira sa niece sur le balcon de sa
chambre. La elle s'assit sur une chaise et la fit asseoir a ses pieds
sur un tabouret; elle attira sa tete sur ses genoux et prit ses mains
dans les siennes, que Sarah couvrit de larmes et de baisers.
"Oh! ma tante, ma chere tante, pardonnez-moi, je suis coupable....
--Non, Sarah, vous n'etes pas coupable; je n'ai qu'un reproche a vous
faire, c'est d'avoir manque de confiance en moi. Votre reserve a fait
tout le mal, mon enfant; maintenant il faut etre franche, il faut tout
me dire ... tout ce que vous savez...."
Lady Mowbray prononca ces paroles dans une angoisse mortelle; et en
attendant la reponse de sa niece, elle sentit son front se couvrir de
sueur. Sarah avait-elle decouvert a quel titre Olivier vivait, ou du
moins avait vecu aupres d'elle durant plusieurs annees? Lady Mowbray ne
savait pas quelle raison Sarah pouvait avoir pour renoncer tout a coup a
une esperance si longtemps nourrie en secret, et fremissait d'entendre
sortir de sa bouche des reproches qu'elle croyait meriter. Un poids
enorme fut ote de son coeur lorsque Sarah lui repondit avec assurance:
"Oui, ma tante, je vous dirai tout; que ne vous ai-je dit plus tot mes
folles
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