seraient rendues. Telles
furent les coupables conventions faites par Dumouriez avec le prince de
Cobourg, par l'intermediaire du colonel Mack.
On ne connaissait encore a Paris que la defaite de Neerwinden et
l'evacuation successive de la Belgique. La perte d'une grande bataille,
une retraite precipitee, concourant avec les nouvelles qu'on avait recues
de l'Ouest, y causerent la plus grande agitation. Un complot avait ete
decouvert a Rennes, et il paraissait trame par les Anglais, les seigneurs
bretons et les pretres non assermentes. Deja des mouvemens avaient eclate
dans l'Ouest, a l'occasion de la cherte des subsistances et de la menace
de ne plus payer le culte; maintenant c'etait dans le but avoue de
defendre la cause de la monarchie absolue. Des rassemblemens de paysans,
demandant le retablissement du clerge et des Bourbons, s'etaient montres
aux environs de Rennes et de Nantes. Orleans etait en pleine insurrection,
et le representant Bourdon avait manque d'y etre assassine. Les revoltes
s'elevaient deja a plusieurs milliers d'hommes. Il ne fallait rien moins
que des armees et des generaux pour les reduire. Les grandes villes
depechaient leurs gardes nationales; le general Labourdonnaie avancait
avec son corps, et tout annoncait une guerre civile des plus sanglantes.
Ainsi, d'une part, nos armees se retiraient devant la coalition, de
l'autre la Vendee se levait, et jamais la fermentation ordinairement
produite par le danger n'avait du etre plus grande.
A peu pres a cette epoque, et a la suite du 10 mars, on avait imagine de
reunir les chefs des deux opinions au comite de surete generale, pour
qu'ils pussent s'y expliquer sur les motifs de leurs divisions. C'est
Danton qui avait provoque l'entrevue.
Les querelles de tous les jours ne satisfaisaient point des haines qu'il
n'avait pas, l'exposaient a une discussion de conduite qu'il redoutait,
et arretaient l'oeuvre de la revolution qui lui etait si chere. Il en
desirait donc la fin. Il avait montre une grande bonne foi dans les
differens entretiens, et s'il prenait l'initiative, s'il accusait les
girondins, c'etait pour ecarter les reproches dont il aurait pu etre
l'objet. Les girondins, tels que Buzot, Guadet, Vergniaud, Gensonne, avec
leur delicatesse accoutumee, se justifiaient comme si l'accusation eut ete
serieuse, et prechaient un converti en argumentant avec Danton. Il n'en
etait pas de meme avec Robespierre: on l'irritait en voulant le
convaincre, et on
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